Le 3e Pritzker français

Le 20 Avril 2021
Le FRAC Grand Large, Dunkerque, 2014, Lacaton & Vassal arch. Ph. © courtesy of Philippe Ruault

Après le duo d’Irlandaises Grafton en 2020, Lacaton & Vassal se voit décerner le Pritzker Prize, donnant ainsi à la France sa troisième reconnaissance internationale depuis la création du prix par la Fondation Hyatt en 1979, l’équivalent du Nobel pour l’architecture. Ils succèdent ainsi à Christian de Portzamparc (1984) et à Jean Nouvel (2008). Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, dont le parcours commence à Bordeaux en 1987 (après un passage par le Niger pour le second), se sont tout de suite engagés dans cette recherche visant à offrir le plus d’espace possible. Si la maison Latapie, réalisée à Floirac en 1993, porte déjà en elle toute leur démarche, celle qu’ils vont accrocher dans les pins en 1998 à Lège-Cap-Ferret montre leur détermination à construire sans rien détruire. Cette approche qui croise en permanence la question sociale et la question écologique reste le fil rouge d’une démarche qui s’applique autant à la construction neuve, comme la Cité manifeste de Mulhouse ou l’ENSA de Nantes, qu’à des programmes de mutation d’un patrimoine moderne souvent mal apprécié. De la révélation de lieux insoupçonnés au Palais de Tokyo jusqu’à la transformation de tours et de barres des années 1960 à Paris comme à Bordeaux, leurs projets ont pris un caractère exemplaire. Transformer pour ne pas détruire est très vite devenu leur credo. Le jury, présidé par Alejandro Aravena (Pritzker 2016), a souligné qu’ils ne se contentaient pas de renouveler l’héritage moderne mais que leur travail était puissamment marqué par un sens de l’espace et des matériaux produisant “une architecture aussi forte dans ses formes que dans ses convictions, aussi transparente dans son esthétique que dans son éthique”. Le FRAC Grand Large, exercice de clonage d’une pièce de patrimoine portuaire à Dunkerque, en est l’un des exemples les plus emblématiques.