Max Querrien (1921-2019), l’architecture en partage

Le 29 Juillet 2019

L’architecture et les architectes ont perdu un ami fidèle et l’un de leurs plus ardents défenseurs, lui qui en parlait admirablement et avec délectation. Max Querrien aimait l’architecture et la jeunesse, la dialectique et la révolution aussi, tout en appartenant au respectable et très institutionnel Conseil d’État.
Un passage au cabinet du ministère de la Reconstruction et de l’Urbanisme en 1957 et un rapport sur les relations entre les acteurs publics et les architectes, sur leur rémunération en particulier, en font définitivement l’avocat de ses derniers et un acteur majeur de la politique publique en matière d’architecture. Aussi est-il nommé, en 1963, directeur de l’Architecture au ministère des Affaires culturelles, agissant aussi bien sur le patrimoine que sur la création contemporaine.
Au cours d’une réunion de direction, il se propose de décharger son collègue Gaëtan Picon, directeur des Arts et des Lettres, du fardeau de l’enseignement de l’architecture. C’est à cette époque que se renforce son long compagnonnage avec les architectes et que s’amorce une féconde collaboration avec Florence Contenay, qui le rejoint au ministère. Il y engage un dialogue durable avec les étudiants, en pleine effervescence, et les enseignants, en instaurant des commissions de réforme de l’enseignement, auxquelles il associe des personnalités comme Michel Rocard, Henri Lefebvre et Henri Raymond. Ces années de réflexion serviront, après Mai 68, de socle aux unités pédagogiques d’architecture.
S’il démissionne en octobre 1968 de son poste de directeur de l’Architecture, il ne cessera toute sa vie d’être disponible pour s’engager dans des institutions dédiées à l’architecture : à la Caisse des monuments historiques (1981-1985) ou encore à l’Institut français d’architecture, dont il sera président de 1982 à 1988, avec Florence Contenay comme directrice.
Très sensible au patrimoine architectural, dont il aura considérablement élargi les contours dans un rapport qu’il remettra en 1982 à Jack Lang, alors ministre de la Culture, il restera toujours un ardent promoteur de la création architecturale contemporaine. Haut fonctionnaire distingué, prédisposé aux causes difficiles, ayant exercé au Conseil d’État dans les sections Contentieux et Travaux publics, il mène une deuxième vie, sur le terrain celle-là, comme maire de Paimpol, de 1961 à 1995. Là, il peut mettre en pratique son engagement politique de socialiste et ses intérêts pour l’aménagement, l’urbanisme, le patrimoine - en particulier par son action pour l’abbaye de Beauport - et le logement social, en installant des HLM en front de mer.
Mais pour Max Querrien, l’architecture est aussi une affaire personnelle et de famille. Son épouse, Madeleine, était la sœur d’un architecte, Yves Moignet, qui fera l’essentiel de sa carrière à Angers et avec lequel il échangera beaucoup ; et parmi ses cinq filles, Armelle sera archéologue, Anne sera sociologue, chercheuse en urbanisme et dirigera les Cahiers de la recherche architecturale et urbaine ; enfin Gwenaël, philosophe et architecte, créera et dirigera dès 1974 le Bulletin de l’Institut de l’environnement, devenu Bulletin d’informations architecturales lors de son passage à l’Ifa, puis, dernier avatar, Archiscopie.