Navarra, de Basquiat à Ricciotti

Le 22 Octobre 2020
Enrico Navarra. Ph. © Raul Higuera / Courtesy Galerie Enrico Navarra.

Disparu le 21 juillet dernier à l’âge de 67 ans, Enrico Navarra était une figure joyeuse du marché de l’art. Il avait commencé son parcours comme courtier en lithographie, avant d’ouvrir sa galerie rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris et de s’affirmer aussi comme éditeur. Sa connaissance du monde de l’imprimerie l’avait amené à une réflexion sur l’économie de moyens au profit d’ouvrages de grande qualité. Il ne s’agissait pas pour lui de faire simplement des catalogues pour accompagner les expositions, mais de publier de véritables livres. Au fil du temps, ce savoir-faire s’est révélé un atout pour la galerie : 400 livres en 25 ans. L’ouvrage sur Jean-Michel Basquiat, artiste en qui il a toujours cru depuis les années 1980, est une pièce majeure avec son catalogue raisonné. Mais tous ces livres, il a toujours préféré les donner plutôt qu’essayer véritablement de les vendre ; ainsi accroissait-il et fidélisait-il son réseau. Son regard transversal l’a incité à s’intéresser au design et à l’architecture, de Jean Prouvé aux architectes japonais.
Sa collection “Made by”, à laquelle collabore Frédéric Edelmann, révèle la scène émergente en Chine, au Japon, et bientôt en Afrique. Il a également publié un ouvrage sur l’aventure artistique et architecturale du château La Coste aux portes d’Aix-en-Provence (Louise Bourgeois, Richard Serra, Jean-Michel Othoniel, Tadao Ando, Jean Nouvel, Frank Gehry…). Enrico Navarra passera commande à Rudy Ricciotti pour qu’il lui construise sa maison-galerie au Muy, à l’écart du tumulte de Saint-Tropez. Une œuvre forte en symbiose avec le paysage réalisée en 2007 et marquée par un toit en béton fibré en porte à faux. Son fils Doriano reprend le flambeau des éditions.