Opération architecturale à l’Hôtel-Dieu

Le 30 Juillet 2019
Projet de réaménagement de l’Hôtel-Dieu ; ici, l’ouverture sur le Palais de Justice. © Architectures Anne Démians.

Pièce importante du patrimoine haussmannien, l’Hôtel-Dieu amorce une mutation majeure : il s’ouvre sur la ville ainsi qu’à de nouveaux usages - principalement à la recherche mais aussi au commerce. Entreprises en biotechnologie, maison des associations de patients, résidence sociale étudiante, crèche associative, espace de coworking, “food court solidaire” vont notamment investir le lieu. Dans le cadre d’un bail emphytéotique de 80 ans, le groupe Novaxia, lauréat d’un appel à projets, compte réaliser la transformation d’un tiers du site hospitalier, soit 20 000 m2, d’ici 2025. L’équipement majeur de cette transformation est l’incubateur européen Biotech / Medtech / IA. Portée par l’Américain Biolabs, cette plateforme au cœur de Paris, de nature à mettre en réseau tous les hôpitaux parisiens, se déploiera dans les ailes de 12 mètres de large au-dessus des rez-de-chaussée qui, eux, vont être occupés, sur environ 4 000 m2, par des commerces, dont ceux destinés aux produits de soin bio mettant en avant les territoires français.
Menée par Anne Démians, associée à l’architecte en chef des monuments historiques Pierre-Antoine Gatier, cette opération de chirurgie architecturale est assez délicate car il s’agit de se glisser dans la typologie de l’époque (1867-1878, Gilbert et Diet arch.), pour lui redonner une cohérence contemporaine. Et bien que l’ensemble ne soit pas classé, il n’est pas question de toucher aux façades, à l’exception d’une ouverture pratiquée face au Palais de Justice pour mettre en relation les deux institutions. “Faire bouger les choses sans faire trembler les murs, c’est l’idée”, souligne Anne Démians. L’enjeu par ailleurs est de ne faire aucune fouille qui pourrait ralentir le chantier, d’où la réutilisation des seuls sous-sols existants. Les laboratoires qui étaient logés sous le jardin céderont ainsi la place à une salle de conférences de 5 mètres de hauteur, éclairée par des cours anglaises latérales qui seront restaurées à l’occasion.
Dans ce nouveau dispositif, deux des cours doivent être dotées de couvertures de verre, à l’instar de celles du Louvre. Si le bâtiment va être débarrassé des inévitables adjonctions faites au fil du temps afin de retrouver une lisibilité, la dimension insulaire du jardin sera conservée pour préserver la qualité d’un véritable îlot végétal au cœur de cet ensemble minéral. Tandis que la façade nord, côté Seine, deviendra la nouvelle entrée de l’hôpital, la façade sud aura à composer avec l’afflux touristique (14 millions de visiteurs).
Soulignons que ce chantier hospitalier sera mené parallèlement à celui de la restauration de Notre-Dame.