Ce Krier qui croyait au retour du néoclassicisme

Le 30 Juillet 2025
Léon Krier en 2016. Ph. Rggv, cc by sa 4.0.

Il avait participé en 1980 à la Strada Novissima, pièce majeure de l’exposition manifeste de la première Biennale d’architecture de Venise et qui annonçait la couleur : “La présence du passé”. Figure du postmodernisme, chantre de l’architecture traditionnelle, Léon Krier s’est éteint le 17 juin dernier à l’âge de 79 ans, deux ans après la disparition de son frère Rob, architecte-urbaniste et théoricien comme lui. L’architecte luxembourgeois, qui avait travaillé chez James Stirling et qui s’était associé un temps à Josef Paul Kleihues, s’est très tôt montré critique à l’égard de tout ce qui incarnait une pensée moderne. Dénonçant “l’absurdité des Modernes”, il était par ailleurs fasciné par la grandeur d’“artiste” d’Albert Speer, à qui il consacra un ouvrage en 1985. “Nous ne nous considérons pas comme des traditionalistes mais comme des traditionnels modernes”, affirma-t-il. Sa théorie à lui s’inscrivait dans une “nouvelle architecture classique” qui, poussée à grande échelle, définissait le mouvement Nouvel Urbanisme que le prince de Galles, désormais roi Charles III, appréciait particulièrement. Grâce à ce fort soutien, Léon Krier s’était vu offrir en 1988 un terrain d’expérimentation avec le masterplan de Poundbury dans la périphérie de Dorchester (Dorset), au Royaume-Uni : 160 ha à aménager pour accueillir plus de 4 000 habitants. Il avait trouvé en France un soutien en la personne de Maurice Culot qui a édité au sein de l’Ifa son livre Architecture : choix ou fatalité (éd. Norma, 1996). En dehors du Royaume-Uni, ses idées ont germé au Guatemala, où il a travaillé sur Ciudad Cayalá, extension de la capitale, ainsi qu’au Mexique (quartier de Herencia de Allende à Mexico). Il a peu construit, mais beaucoup enseigné en différents lieux dont l’AA School à Londres et les universités de Princeton et Yale. Grand dessinateur, son rêve restera incarné dans le village Atlantis, imaginé en 1986, sur l’île de Tenerife (éd. AAM). Une icône non réalisée d’une utopie néoclassique.