Avec la disparition de Nicholas Grimshaw le 14 septembre dernier, à l’âge de 85 ans, une nouvelle page se tourne, celle des années flamboyantes du high-tech. “Il était une figure pionnière de l’architecture moderne. Il trouvait du plaisir dans le soin qu’il mettait dans l’expression structurelle de ses bâtiments”, a dit Norman Foster à l’annonce de sa mort. Pour sa part, Grimshaw aimait à dire que l’architecture devait “glorifier la construction et la beauté dans la manière dont les choses s’accordent”. Formé à l’AA School de Londres, notamment par Cedric Price, diplômé en 1965, il crée une première agence avec Terry Farrell qui, lui, prendra le virage du postmodernisme. Puis il fonde la sienne en 1980, Grimshaw Architects, qui devient l’une des plus grandes agences avec 500 personnes réparties dans le monde. Influencé (comme Foster) par Richard Buckminster Fuller, il commence son parcours avec une tour de services pour une résidence étudiants à Londres, où les cabines de douche s’enroulent autour d’une rampe en spirale. Maîtrise technique et réflexion sur l’énergie sont au coeur de la conception du pavillon britannique à l’Exposition universelle de Séville en 1992, avec ses murs d’eau pour lutter contre la chaleur et son dispositif de capteurs solaires. Une trentaine d’années plus tard, il conçoit Terra, le pavillon dédié au développement durable, avec un toit soutenu par une structure arborescente qui en fait l’un des plus intéressants de l’Expo 2020 à Dubaï. Mais la réalisation la plus emblématique dans l’oeuvre de Grimshaw est sans doute l’extension de la gare de Waterloo à Londres, un bâtiment en courbe sur 400 mètres rythmé par des éléments structurels bleus. Ce travail lui vaudra le prix de l’Union européenne Mies van der Rohe en 1994. Son champ d’expression était l’industrie et les infrastructures de transport. Il est ainsi l’un des premiers à intervenir sur le site de Vitra à Weil am Rhein, en 1981. Avant que Gehry ne signe le musée, l’architecte britannique y réalise l’usine de production des meubles. L’imprimerie du Financial Times, bâtiment de 14 000 m2 remarqué dans les Docklands de Londres en 1988, puis l’usine Rolls Royce implantée dans la campagne du West Sussex en 2003 montrent sa préférence pour la construction en acier et en verre. Dans le domaine des transports, soulignons encore qu’après avoir remporté, en 2024, le Stirling Prize pour son travail sur l’Elizabeth Line du métro de Londres, il a livré récemment la gare multimodale LAX / Metro Transit Center à Los Angeles. En marge de toute cette grande production, il a créé l’événement au tournant du siècle en inscrivant les bulles de l’Eden Project dans le site d’une ancienne carrière en Cornouailles. Avec ces dômes en ETFE, il revisite ainsi le thème des serres cher à Joseph Paxton. Anobli par la reine d’Angleterre en 2002, Sir Nicholas Grimshaw avait reçu la médaille d’or du Riba en 2019.