Kristin Feireiss, toute dévouée à lʼarchitecture

Le 30 Juillet 2025
Kristin Feireiss fut la fondatrice et l’âme de la galerie d’architecture Aedes à Berlin.

Elle n’était pas architecte, mais elle aimait profondément l’architecture. Journaliste, elle a consacré sa vie à la diffusion de la culture architecturale et de la ville en organisant expositions et débats. Kristin Feireiss s’est éteinte le 20 avril dernier à l’âge de 82 ans. Jamais contre, toujours pour quelque chose, telle était sa devise qu’elle a mise en pratique tout au long de son parcours très riche. En 1980, alors que Berlin est loin de penser que sa réunification puisse être proche, elle fonde avec Helga Retzer la galerie Aedes, longtemps installée sous les arcades du S-Bahn à Charlottenburg. Très vite, ce lieu d’architecture sur la Savignyplatz va devenir une plateforme de réflexion et d’échanges. En réaction à l’IBA Berlin (1978-1987) aux accents postmodernes qui sévit alors à Berlin-Ouest, la galerie privée en pointe sur l’innovation va rafraîchir la mémoire en présentant le masterplan Berlin Hauptstadt imaginé par Alison et Peter Smithson en 1957, puis le concours du Peak Leisure Club à Hong Kong, remporté par la jeune Zaha Hadid en 1983. À Rotterdam, elle fait un passage remarqué au NAI qu’elle dirige de 1996 à 2001. Dans le cadre d’European Dialogue, elle y présente notamment le travail de quatre équipes françaises : Decq & Cornette, Jourda & Perraudin, Francis Soler, Dominique Perrault. Elle est deux fois la commissaire du pavillon des Pays-Bas à la Biennale d’architecture de Venise, en 1996 et en 2000. La galerie Aedes, installée depuis 2006 dans une ancienne brasserie dans le quartier de Prenzlauer Berg, a présenté plus de 500 expositions et publié quelque 400 catalogues, variant les angles, de la monographie d’architectes (“Jakob + MacFarlane. Augmenting the Invisible”, 2017) ou de bâtiments (la future gare de Stuttgart par Christoph Ingenhoven, 2024) à des sujets plus transversaux comme la ville informelle au Venezuela ou des focus sur la ruralité en Chine. Avec Hans-Jürgen Commerell, co-directeur depuis 1994, elle lance en 2009 le Laboratoire métropolitain, une manière d’être en veille sur toutes les grandes questions qui touchent à la transformation de la ville contemporaine. La revue Bauwelt a rendu hommage à son action en lui consacrant notamment sa couverture dans son numéro du 4 septembre 2020. Et le débat va lui survivre, rayonnement international de la galerie oblige.