Jovial et engagé, tel était Michel Roy, disparu soudainement le 28 août dernier, chez lui en Bretagne. Fervent défenseur de la culture de projet, il a oeuvré pour la commande publique comme pour des programmes privés avec la même exigence. C’était un constructeur, son prisme d’analyse était la valeur constructive doublée d’une valeur sociale. De quoi marquer l’esprit de l’agence Hubert & Roy qui s’apprêtait à fermer ses portes en septembre. “Sa manière d’entrer dans le projet était d’être très critique sur sa faisabilité”, souligne son associé Bruno Hubert. Ils s’étaient connus à UP 7, et ont travaillé quarante ans ensemble. Lauréats des Albums de la jeune architecture en 1989, ils faisaient partie des “40 architectes de moins de 40 ans” que l’Ifa avait repérés dans une exposition sur la scène architecturale française, du temps de Patrice Goulet. Complémentaires, ils sont beaucoup intervenus dans les domaines de l’éducation et de la santé. En 2001, ils livrent deux projets importants, un foyer pour handicapés mentaux, réalisé pour la RIVP en bordure du Périphérique à Paris, et le centre d’hébergement des sansabri dans l’enceinte de l’hôpital de Nanterre, près de l’A 86. Engagé dans la transformation des bâtiments, Michel Roy disait il n’y avait pas plus durable que le recyclage des bâtiments, l’enjeu étant de leur “donner un nouveau statut dans l’environnement urbain”. En témoignent le lycée français de Moscou, réalisé en 2004 à partir d’un bâtiment de brique du XIXᵉ siècle (ou comment développer huit niveaux dans une enveloppe qui n’en contenait que quatre) ; l’ex-tour de l’Urssaf à Montreuil en 2009 où, dans la dynamique du plan urbain d’Álvaro Siza, la mutation consistait principalement à révéler sa structure par un traitement chromatique et à creuser le sol à ses pieds. Et récemment il s’est battu lors de la reconversion en bureaux de l’usine à papier de Nanterre (2023), pour garder la structure existante. Engagé également dans l’accompagnement des élus, Michel Roy est intervenu en tant qu’architecte conseil en Vendée puis dans le Gard. Il bataillait pour faire émerger une qualité architecturale dans tous les territoires. Effaré parfois par la médiocrité de certains projets, il faisait de la pédagogie auprès des maires. Il sillonnait ainsi la France, de la Bretagne aux Cévennes, et travaillait de longue date pour une compagnie de théâtre, L’Arche de Noé, pour laquelle il réalisait les scénographies. Il repose aujourd’hui à Saint-Benoît-des-Ondes, dans la baie du Mont-Saint-Michel, où il avait décidé de continuer ses activités en solitaire.