William Alsop nous a quittés le 12 mai dernier à l’âge de 70 ans. C’est la figure d’un architecte-artiste aimant vraiment la vie qui disparaît. Libérée de toute influence dogmatique, son œuvre exubérante et riche en couleurs s’affiche en rupture définitive avec le modernisme et autre brutalisme, qui faisaient florès à Londres au moment de ses études à l’AA School, sans toutefois céder un pouce au postmodernisme. Pour autant, il n’a pas suivi la piste high-tech ouverte par Norman Foster et Richard Rogers. Associé à John Lyall et à Jan Störmer au début de son parcours (ils réaliseront ensemble notamment The Tube, le centre de visiteurs de la baie de Cardiff en 1991), William Alsop aimait faire flotter ses bâtiments en quelque sorte, à l’image de la bibliothèque de Peckham réalisée dans un faubourg populaire de Londres, qui lui valut le prestigieux Stirling Prize en 2000. Il faut y voir une stratégie payante consistant à placer la salle de lecture en suspension afin de libérer de l’espace public dessous. Et c’est avec le Sharp Centre for Design de l’Ontario College of Art & Design à Toronto, en 2004 (et son très spectaculaire porte-à-faux), qu’il met la barre très haut en termes d’architecture-objet. En matière de logement, il n’hésitera pas non plus à jouer sur les barres en empilant trois éléments de 100 mètres de long à Manchester (immeuble Chips, 2009). S’il ne réalise en France qu’un seul bâtiment, l’hôtel du département des Bouches-du-Rhône (“le Grand Bleu”) à Marseille en 1994, on se souviendra de sa participation à la Tour européenne pour la ville d’Hérouville-Saint-Clair (1988), un projet à quatre mains avec l’Allemand Otto Steidle, l’Italien Massimiliano Fuksas et le Français Jean Nouvel. Manifeste très médiatisé mais jamais construit.