
On connaît son engagement sur la question du logement et sa maîtrise du sujet sur des opérations majeures à Paris. Après l’ensemble de la rue Émile Durkheim réalisé en 1997 pour la RIVP au pied de la BnF (projet entré dans la collection du musée de la Cité de l’architecture & du patrimoine) et sa contribution au projet exemplaire construit sur le site de la gare d’Auteuil pour Paris Habitat et Cogedim1, Francis Soler confirme sa ténacité dans la complexité de la ville contemporaine avec l’opération de la rue Campagne Première.
Au cœur du 14e arrondissement, dans une voie déjà marquée par les artistes et l’architecture 1910 d’André Arfvidson, la marge de manœuvre était réduite. Le projet est ainsi l’expression du PLU. Dix années auront été nécessaires pour mener à bien cette opération lancée par Christian Cléret, alors à la tête de Poste Immo, et qui a fait l’objet de sept recours et de sept permis… À l’imbrication dans la parcelle s’ajoute la transformation d’un bâtiment des années 1930 sur le boulevard Montparnasse. 123 logements au total, avec une majorité d’appartements en accession (Cogedim) et 34 logements sociaux pour des postiers (Toit et Joie). Dès la rue, on reconnaît le vocabulaire de métal et de verre qu’utilise l’architecte ici aussi avec beaucoup de précision. D’où ce travail minutieux de réglage qui ajoute à la signature de l’ensemble, de la double peau aux garde-corps en maille métallique. “Il faut tricoter avec le PLU, les gabarits et les contraintes du voisinage”, résume Francis Soler qui démontre une nouvelle fois qu’en partant de la contrainte, on peut être créatif et ce, dans une bonne collaboration avec l’entreprise. Le bâtiment au cœur de l’îlot bénéficie notamment de hauteurs sous plafond différentes du standard (jusqu’à 3,10 m), non dans l’idée de créer un piano nobile, comme dans l’architecture hausmannienne, mais avec la volonté de profiter des différences offertes par le bâtiment existant sur lequel le nouveau se raccorde en équerre. Quant à l’agréable jardin qui traverse le nouvel ensemble, il se greffe visuellement à l’espace vert protégé des villas que l’on découvre en fin de parcelle. Pas de frontière, que du lien visuel.
1 – Exposition “Éloge de la méthode”, présentée à la Cité en 2019, et Archiscopie, n° 18, p. 74-83.