Kiev ravive son tragique ravin

Le 28 février 2020
Coupe sur les niveaux en profondeur. © Querkraft arch.

Jusqu’à maintenant, il n’y avait qu’un petit monument pour rappeler le massacre de Babi Yar. Les 29 et 30 septembre 1941, 33 771 juifs ont été assassinés par les nazis sur ce site de 28,2 hectares au nord-ouest de la métropole de Kiev. Et ce fut le premier acte d’une terrible tragédie car, selon les estimations, 100 000 autres victimes (juifs, tsiganes, communistes…) périront dans ce ravin jusqu’en 1943, date de la libération de la ville par l’armée soviétique. Dans la capitale ukrainienne, un mémorial de l’Holocauste va être aménagé in situ, un lieu de souvenir et de transmission aux générations futures. Le concours international d’architecture et de paysage a motivé 165 équipes venant de 35 pays.
Des dix équipes sélectionnées (dont Odile Decq, avec Jacqueline Osty), c’est finalement l’agence autrichienne Querkraft, associée à Kieran Fraser Landscape Design, qui a été déclarée lauréate par le jury. Le projet des architectes et paysagistes viennois creuse le sol pour dessiner une rampe de 240 mètres de long qui commence en tranchée pour finir son parcours à 20 mètres de profondeur avec la grande salle d’exposition. L’idée est de proposer au visiteur une expérience spatiale afin de prendre la mesure du danger et de la situation sans espoir des victimes froidement abattues, avant de se retrouver en pleine lumière sous la voûte d’un grand vaisseau de verre très ouvert sur la nature. Espaces d’exposition, centre d’éducation et de recherche sont au programme de cet équipement à construire sur financement privé d’ici 2021, célébrant ainsi l’anniversaire des 80 ans du massacre.