La reconnaissance d’un sens de l’engagement

Le 9 Mai 2022
Perspective de la future Assemblée nationale du Bénin. © Kéré Architecture

PritzKéré, pourrait-on dire… À 56 ans, Diébédo Francis Kéré est le 45e lauréat du Pritzker Prize. Il succède au couple Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal. Ce n’est pas vraiment une surprise tant on l’attendait. Après Wang Shu pour la scène chinoise en 2012, c’était celui qui représentait le mieux le continent africain, bien que cet architecte né au Burkina Faso soit établi à Berlin depuis 2004. Sa démarche éminemment durable, faisant parallèlement preuve d’un sens de l’engagement, lui avait valu de nombreuses distinctions précédemment, à commencer par le prix Aga Khan d’architecture en 2004, pour l’école primaire réalisée à Gando, son village natal, puis, en 2009, le Global Award for Sustainable Architecture. “Son œuvre tout entière exalte la puissance des matériaux ancrés localement”, a souligné le jury du Pritzker, présidé par l’architecte chilien Alejandro Aravena. Il faut souligner que l’école de Gando, construite en briques de terre crue, a été bâtie par les villageois. Un processus qui renforce d’autant la qualité du projet. Cette première œuvre d’un architecte qui se destinait à être charpentier l’a fait (re)connaître internationalement. Kéré aime à dire qu’il préfère “dessiner sur le sol”, une façon d’inscrire le projet dans une réalité où souvent les ressources manquent et les climats sont hostiles. En un lieu plus tempéré, à Londres, invité à concevoir le pavillon de la Serpentine Gallery, il avait alors réinterprété l’arbre à palabres dans les jardins de Kensington (cf. Archiscopie, n° 12, octobre 2017). On attend maintenant la livraison du bâtiment de l’Assemblée nationale du Bénin à Porto-Novo. Si l’échelle change, l’esprit demeure. Une architecture au service de la communauté, encore et toujours.