Renée Gailhoustet et Philippe Prost à l’honneur

Le 1 Décembre 2022
L’Anneau de la mémoire, Ablain-Saint-Nazaire, 2012-2014, Philippe Prost / AAPP arch. Ph. © ADAGP, Paris, 2022 - Aitor Ortiz.

Après Patrick Berger (2004), Rudy Ricciotti (2006), Lacaton & Vassal (2008), Frédéric Borel (2010), Marc Barani (2013), Ibos-Vitart (2016) et Pierre-Louis Faloci (2018)1, Philippe Prost s’est vu attribuer le Grand Prix national d’architecture, créé en 1975. Rima Abdul-Malak, la ministre de la Culture, lui a remis cette distinction à la Cité, en ouverture des Journées nationales de l’architecture le 12 octobre dernier. À l’image de son prédécesseur, Philippe Prost se partage entre exercice sur le terrain - avec son agence AAPP, dans le champ du patrimoine où il fait œuvre de création - et enseignement, à l’ENSA de Paris-Belleville. Formé à l’école d’architecture de Versailles puis à l’École de Chaillot, l’architecte, qui a notamment mis en valeur la citadelle de Vauban à Belle-Île-en-Mer, s’est fait remarquer depuis par son intervention contemporaine à l’hôtel de la Monnaie à Paris et par l’Anneau de la mémoire de Notre-Dame-de-Lorette. Ce bâtiment, icône de réconciliation et symbole de la fragilité de la paix, implanté sur un site de la Grande Guerre, lui a valu en 2016 une mention spéciale du jury du prix européen de l’Espace public ainsi qu’un prix d’excellence décerné par le RIBA à Londres. La leçon inaugurale de l’École de Chaillot qu’il a donnée en 2015 sur le thème “Pas de création sans mémoire” résume bien sa démarche. Une devise que Philippe Prost, lauréat du récent concours pour le Campus Versailles, va pouvoir mettre en pratique dans ce projet d’aménagement de la Grande Écurie du château au profit du rayonnement et du développement des savoir-faire dans les métiers du patrimoine et de l’artisanat.


Le jury du Grand Prix a également décerné un prix d’honneur à Renée Gailhoustet (née en 1929), dont l’engagement exceptionnel dans le logement social est reconnu au-delà de nos frontières (Grand Prix des arts de Berlin en 2019, prix d’architecture de la Royal Academy of Arts en 2022). Les ensembles du Liégat à Ivry-sur-Seine et de La Maladrerie à Aubervilliers figurent parmi ses œuvres remarquables2. “Témoin d’une génération d’architectes engagés dans une posture de recherche et d’innovation au service d’une architecture du quotidien, elle fut aussi une pionnière dans la pratique de ce métier par des femmes. À ce titre, elle est une référence pour toutes et tous aujourd’hui tant pour la qualité de ses réflexions et de son œuvre que pour l’exemplarité de sa pratique professionnelle”, a souligné la ministre.

1 – Exposition “Pierre-Louis Faloci. Une écologie du regard” à la Cité, jusqu’au 29 mai 2023.
2 – Cf. Sophie Trelcat, “Renée Gailhoustet. Des racines pour la ville”,
Archiscopie, n°29, 2002, p. 104-109.