Dix ans après son inauguration, en février 2013, le site des Archives nationales de France à Pierrefitte-sur-Seine amorce déjà sa mutation. L’enjeu porte sur l’extension de l’immense bâtiment conçu en 2005 par Massimiliano et Doriana Fuksas comme “deux corps”, l’un suspendu, l’autre bien ancré au sol, et dont la saturation est annoncée pour 2027. Confrontée au sujet de la transformation de grandes emprises (le quartier de la Part-Dieu à Lyon, l’usine de Fives Cail Babcock à Lille) et de tours obsolètes (à Bruxelles comme à Paris), l’équipe de l’AUC, lauréate du concours, affronte ici la question du prolongement d’une œuvre forte, très dessinée et rythmée par des losanges. Dès lors, comment s’inscrire dans la figure du monolithe et de ses satellites ? Comment exister sans dénaturer l’autre ? Au défi de la volumétrie s’ajoute celui de l’urbain et celui de l’environnemental, car il s’agit de préserver au mieux le jardin existant. Il en découle le choix de la typologie d’une tour pour limiter notamment l’impact au sol. Soit un bâtiment qui va culminer à 73 m de hauteur à côté de la barre existante des magasins (un parallélépipède de 163 x 48 m, haut de 40 m). “C’était un exercice délicat”, explique Djamel Klouche. “Afin d’assurer une présence qui peut s’effacer, nous avons cherché à créer un vis-à-vis intéressant en jouant autant sur la rupture que sur l’harmonie. Le but est de trouver la matérialité la plus abstraite possible.” En façade, le projet est pensé avec de la pierre, de l’aluminium et du verre blanchi pour assurer une certaine opacité. Et tandis que la structure de ces lieux de stockage est conçue en béton pour résister à la charge, les espaces de circulation, les ateliers et autres espaces de traitement, de restauration et de reproduction des documents seront traités avec du béton de chanvre et du bois CLT notamment. S’agissant de la capacité de conservation, 100 km de rayonnages vont venir ainsi s’ajouter aux 350 km contenus dans le puissant monolithe à la peau de métal.