Capsules mortelles à Ginza

Le 9 Mai 2022

Elle n’aura existé que pendant cinquante ans dans le paysage de Ginza, à Tokyo. La tour Nakagin est en effet condamnée à disparaître. Icône du métabolisme, ce projet conçu par Kisho Kurokawa en 1970 articulait deux petites tours de 11 et 13 étages. 140 capsules d’acier au total que l’architecte avait prévu de remplacer tous les 25 ans. L’échange standard n’ayant jamais eu lieu, le bâtiment était en péril et son démantèlement devenait inéluctable, malgré son inscription sur la liste du patrimoine moderne de Docomomo depuis 1996. Et bien que les habitacles de 10 m2 aient montré leur capacité d’adaptation en abritant des activités tertiaires, cela n’a pas enrayé leur destin tragique. Le mauvais état du bâtiment (amianté qui plus est) ainsi que la pression foncière qui ne faiblit pas dans ce quartier de Tokyo - où le plafond de construction a été relevé, ce qui ouvre un potentiel - ont rendu la décision irréversible. Reste aux musées du monde entier à acquérir une capsule dans son jus. Après la salle de bain des appartements de Charlotte Perriand aux Arcs, le Centre Pompidou se portera-t-il acquéreur de cette pièce d’innovation ?