De la robe bulle au Palais Bulles

Le 26 Janvier 2021

La griffe Pierre Cardin n’est pas visible que dans la mode, elle s’étend au design et à l’architecture. Disparu le 29 décembre dernier à l’âge de 98 ans, le couturier d’origine vénitienne s’était distingué, après des collaborations dans le cinéma (notamment en réalisant les costumes et les masques de La Belle et la Bête) et sa fameuse “robe bulle”, par un virage futuriste avec la collection Cosmocorps en 1968. Et s’il aimait acquérir des lieux chargés d’histoire, comme le château du marquis de Sade à Lacoste ou la Ca’ Bragadin, à Venise, où habita Casanova, c’est bien l’architecture contemporaine qui l’attirait. “J’ai toujours voulu être architecte”, avait-il déclaré au Point.
En 1992, Pierre Cardin s’est porté acquéreur du Palais Bulles (1975-1984) à Théoule-sur-Mer, œuvre d’Antti Lovag commandée par l’industriel Pierre Bernard. Une villa de 1 200 m2 qui sera classée monument historique en 1999 ; une architecture-matrice de couleur ocre rouge basée sur la figure du cercle et la typologie de la bulle. Façonnée dans le béton, cette conception avait trouvé un écho particulier chez le couturier : “Ses formes cellulaires sont la concrétisation depuis longtemps de l’image de mes créations.” Et lors de la Biennale d’architecture de Venise en 2012, l’infatigable créateur a présenté son projet de palais Lumière, une “sculpture habitable”, une tour de 245 m de hauteur “symbole de la nouvelle Venise”, prévue pour s’installer sur le site de Porto Marghera, à l’entrée de Mestre. Cette ville verticale qui a fait polémique n’a pas encore vu le jour.