À Gênes le pont Piano, un cadeau à sa ville-port

Le 28 Novembre 2018

La veille du 15 août, dans la fournaise de l’été italien, le pont Morandi à Gênes s’écroule entraînant la mort de quarante-trois personnes, causant de nombreux blessés et contraignant six cents personnes à quitter leur logement.
Le pont Morandi, du nom de l’ingénieur qui l’a conçu (1963-1967), était un ouvrage d’art tout en béton, avec deux haubans par travée. Pièce du paysage moderne génois, il constituait une importante séquence de l’axe lourd européen avec plus de 25 millions de véhicules qui l’empruntaient chaque année. Dans cette ville-port calée tout en longueur entre mer et montagne, le pont permet de relier l’aéroport et le centre-ville en dix minutes. En outre, il est vital pour l’économie italienne, avec notamment l’activité conteneurs de 35 millions de tonnes. Face à l’urgence à le reconstruire, Renzo Piano est immédiatement monté au créneau : “J’ai un devoir public dans ce pays. Et ce désastre m’a profondément touché”, confiera, au Monde, l’architecte, qui est né dans la capitale ligure et a vu le pont Morandi se construire. Léger mais robuste, le nouveau pont sera un ouvrage d’art en acier, rythmé par des piles tous les 50 mètres. Dix-huit piles au total évoquant la quille d’un bateau, l’univers préféré du marin Piano.
Le pont captera l’énergie pour la restituer la nuit à travers quarante-trois lanternes, autant que de victimes.
Son mode constructif est conçu pour l’édifier très rapidement, d’ici novembre 2019. “Les ponts ne doivent et ne peuvent tomber, ce sont les murs qui doivent tomber car ils sont le symbole de la division ; à l’inverse, les ponts sont symboles de quelque chose qui rassemble”, a souligné Renzo Piano, lors de la présentation de son projet. Parallèlement, il a incité la Ville de Gênes à lancer un grand concours pour la reconquête du quartier fantôme. Dans cette affaire, l’architecte offre les plans du futur pont, à charge d’une société d’ingénierie de le réaliser. Cet acte de générosité inédit n’est pas sans rappeler le geste de Tadao Ando, qui avait remis le montant de son Pritzker Prize aux victimes du séisme de Kobe en 1995.