L’AUC, dans la prospective sur la question urbaine

Le 15 Juillet 2021
Plan de transformation du quartier des Courtillières à Pantin, 2000-2020. © L’AUC.

L’agence faisait déjà partie du débat en 2020. Figurant alors parmi les nominés du Grand Prix d’urbanisme, l’AUC l’a remporté cette année, treize ans après leur contribution à la consultation du Grand Paris. Cette consécration vient reconnaître la dimension de recherche que revendique cette agence parisienne, déjà lauréate des AJAP en 2002. “En fait, on travaille autour des mêmes questions depuis 20 ans, autant d’idées difficiles à faire partager à l’époque mais qui, avec le temps, sont devenues évidentes”, résume Djamel Klouche, l’un des trois fondateurs de l’AUC, avec Caroline Poulain et François Decoster.
Engagé ainsi dans la prospective urbaine et se refusant à reproduire des schémas, l’AUC se tient à une ligne consistant à ouvrir des portes et “ne jamais renoncer à la complexité”. L’agence développe des scénarios à Paris (Chapelle international, ancien site ferroviaire) comme à Lille (Fives Cail, ex-friche industrielle). Des stratégies qui l’amènent à se confronter aussi au patrimoine moderne emblématique des Trente Glorieuses, qu’il s’agisse des Courtillières à Pantin (1 700 logements) ou de la Part-Dieu à Lyon. En première couronne parisienne, le grand ensemble d’Émile Aillaud a été ainsi sauvé d’une casse certaine. On regrettera toutefois que les rez-de-chaussée n’aient pas été donnés à des artistes comme le préconisait le projet de l’AUC. Dans la deuxième métropole de France, si le concept d’origine du “sol facile”, contribuant à la fluidité des parcours piétons, et la constitution d’un “sol fertile” en sous-sol sont toujours à l’œuvre, avec un travail sur le “socle actif” (des rez-de-chaussée à double hauteur), et même si Bas Smets a pris le relais après la disparition de Pascal Cribier, le projet a dû évoluer : le master plan de la Part-Dieu a ainsi été dédensifié, selon la volonté de la nouvelle municipalité.
L’AUC se distingue par son approche multiscalaire, du micro au macro, allant de la petite placette à la grande métropole. “Être précis et attentif à des choses simples, tout en étant en résonance avec un très large territoire, de là naît le concept du projet”, explique Djamel Klouche. Cette manière de voir la ville du local au global, sans rupture ni disjonction, porte en elle une attitude critique quant à l’échelle intermédiaire qui, pour les architectes de l’AUC, cantonnerait les choses dans une attitude “préservatrice”. Pour autant, ils se défendent d’être transgressifs, car pour eux la seule démarche possible est “d’adapter un autre regard sur le monde” afin d’accompagner les habitants dans une forme de transformation. Le Grand Prix de l’urbanisme leur sera remis officiellement en fin d’année, lors d’une journée dédiée à des débats sur la fabrique de la ville.