Le brutalisme en danger au Japon ?

Le 3 Mars 2023
Le gymnase de la préfecture de Kagawa, Takamatsu, Japon, 1964, Kenzo Tange arch. Ph. naoyafujii cc by sa 2.0.

La disparition programmée de pièces importantes du patrimoine moderne inquiète toujours. Projets expérimentaux, métabolistes ou brutalistes des années 1960, leurs jours sont visiblement en danger au Japon. Après le démantèlement de la célèbre tour Nakagin de Tokyo, plus connue sous le nom de tour capsule et conçue par Kisho Kurokawa en 1970, c’est désormais le gymnase de la préfecture de Kagawa, à Takamatsu, qui est promis à la démolition. Construit par Kenzo Tange en 1964, cet équipement tout en béton reconnaissable à la forme hyperbolique de son toit est une œuvre contemporaine du stade olympique Yoyogi de Tokyo.
Les arguments d’obsolescence, de vacance (pour l’immeuble Dentsu à Tokyo, 1967, autre œuvre de Kenzo Tange en voie de disparition), voire de sécurité sont alors avancés. Ce dernier point s’est avéré fatal pour le gymnase. Des fuites ayant endommagé les câbles de suspension des éléments de béton précontraint dans le toit, la salle de 1 300 places demeure fermée depuis 2011. Les efforts du milieu architectural et notamment de Docomomo n’auront pas suffi pour infléchir la décision de destruction, d’autant que les tentatives de mise aux normes ont échoué car jugées trop coûteuses. Dans l’intervalle, SANAA a gagné un concours pour la construction d’un double équipement sportif (avec une toiture ondulante) dans la zone portuaire de Takamatsu, ville où Kenzo Tange avait construit avant le gymnase, en 1958, le très beau siège administratif de la préfecture.