Michel Marot, moderne et contextuel

Le 10 Novembre 2021
Michel Marot à la Villa Arson, vers 1970-1972. © Ph. inconnu / Michel Marot.

C’était un habitué de la Cité. Il aimait venir à l’auditorium pour écouter des conférences et des débats. Lui qui avait beaucoup enseigné et présidé la Société française des architectes suivait toujours le cours des choses. Disparu à la fin de l’été dernier à l’âge de 95 ans, Michel Marot a commencé son parcours à l’École des beaux-arts avant de poursuivre ses études à Harvard grâce à une bourse Fulbright. Ayant décroché le prix de Rome en 1954 (pour un projet de centre de recherches au Nigeria), il devient pensionnaire à la Villa Médicis. Son entrée dans la vie professionnelle est marquée par le prix de l’Équerre d’argent qu’il reçoit en 1963 pour la réalisation de l’église Sainte-Agnès à Fontaine-les-Grès, dans l’Aube. Inscrit au titre des monuments historiques en 2010, ce petit édifice aux lignes géométriques et à la structure métallique se remarque par sa grande flèche. L’architecte montre là son aptitude à réinterpréter le patrimoine régional, en l’occurrence les églises champenoises à pans de bois et à flèche aussi bien que les halles aux grains. Appelé à construire une autre église dans un nouveau quartier à Meaux (Saint-Jean-Bosco, 1968), il fera abstraction de toute idée d’émergence pour concevoir un vaste toit-terrasse en béton sur des murs de brique afin d’offrir un espace libre et modulable. Mais s’il est un chef-d’œuvre dans le travail de Michel Marot, c’est sans nul doute l’ensemble de la Villa Arson sur les hauteurs de Nice, projet conçu en 1964 regroupant centre d’art, école et résidence d’artiste. Contemporaine de la Fondation Maeght de José Luís Sert à Saint-Paul-de-Vence, la Villa Arson revisitée est avant tout un travail sur la topographie qui joue entre le brutalisme du minéral (le béton recouvert de galets) et la douceur du végétal (pins maritimes et cyprès). Soit un écrin labyrinthique pour une villa ocre-rouge du XVIIIe siècle, labellisé “Architecture contemporaine remarquable” en 2003. On n’oublie pas pour autant sa contribution au projet de Marina Baie des Anges à Villeneuve-Loubet1 qui, à l’aube des années 1970, fait écho aux pyramides de Balladur à La Grande-Motte.
1 – Marina Baie des Anges, Paris, B2, 2019.