Nouvel et Perrault dans l’univers de Shenzhen

Le 20 Avril 2021
En haut, le futur opéra de Shenzhen. © Ateliers Jean Nouvel ; en bas, le nouveau campus de l’Institut de l’innovation et du design. © Fancy / DPA / ADAGP

La métropole de Shenzhen, environ 13 millions d’habitants, sourit aux architectes français. Coup sur coup, deux grands concours internationaux ont vu s’imposer les projets de Jean Nouvel pour l’opéra au bord de la mer et celui de Dominique Perrault pour un campus à flanc de montagne.
Sur la péninsule de Shekou, il s’agit en fait d’un ensemble culturel réunissant quatre entités dans un même mouvement : un opéra de 2300 places, une salle de concerts de 1800 places, un lieu pour les opérettes de 800 places et un théâtre multifonctionnel de 400 places. Retrouvant une situation de relation à l’eau qu’il aime bien affronter et qui a produit des œuvres magistrales telles la Philharmonie de Lucerne ou le Louvre Abou Dhabi, Jean Nouvel a imaginé ce nouveau projet chinois en toute fluidité. Curviligne, l’équipement adopte des formes sinueuses pour mieux “accueillir et incorporer la mer” tout en mettant en valeur l’espace public face à la baie. Intitulé “Lumière de la mer”, ce projet s’annonce, selon Jean Nouvel, comme “la rencontre de la mer, de la musique et de la lumière”. Des matériaux irisants et nacrés vont prendre part à ce scénario oriental.
De son côté, Dominique Perrault va s’inscrire dans la topographie d’un site montagneux pour installer le nouveau campus de l’Institut de l’innovation et du design (Bao’an Education City), taillé pour 4000 étudiants. Un ensemble de 300000 m2, conçu avec l’équipe chinoise Zhubo Design Co. et l’agence californienne PWP pour le paysage. Dans cette maîtrise de la grande échelle, on reconnaît la facture de l’architecte français, auteur notamment du canyon de verre sur le campus de l’université féminine d’Ewha à Séoul. La pièce maîtresse du campus chinois est un bâtiment détaché du sol qui tire ses lignes sur plus de 700 mètres. Cette superstructure de 120 mètres de largeur crée un “hyper-roof”, promenade panoramique à 50 mètres de hauteur accueillant surtout les fonctions académiques, et un “hyper-ground”, espace public fédérant les autres activités et équipements (auditorium, bibliothèque...). Le campus, qui développe une architecture de métal et de verre, intègre également un programme de logements, des unités réparties en “villages”, sur une conception en terrasse avec patios.