Patrick Bouchain, l’urbanisme autrement

Le 30 Juillet 2019

Après le sociologue et économiste Pierre Veltz en 2017, puis les paysagistes de l’agence Ter en 2018, Patrick Bouchain se voit décerner, à 74 ans, le Grand Prix de l’urbanisme créé il y a 30 ans (Michel Steinebach en fut le premier lauréat en 1989). En sortant de l’école, Patrick Bouchain avait décidé de ne pas construire mais d’agir sur un autre plan. Il aide notamment des artistes comme Daniel Buren ou Bartabas à créer leurs œuvres, au cœur du Palais-Royal comme à Versailles, et devient directeur du nouvel Atelier public d’architecture et d’urbanisme de Blois, créé par Jack Lang en 1989. Militante, la démarche est très bien résumée dans Construire autrement, publié par Actes Sud en 2006. Bien qu’il souscrive à une démarche de qualité environnementale, Patrick Bouchain préfère le HQH au HQE, plaidant ainsi pour la “haute qualité humaine”. Avec les habitants, il a mené à bien plusieurs projets, qui l’ont conduit à créer une “permanence architecturale” pour les conseiller et les aider. L’acte d’urbanisme est là, dans toutes ces expériences incluant la transformation des bâtiments industriels, du Lieu unique à Nantes à La Condition publique à Roubaix en passant par les anciens abattoirs de Calais devenus scène nationale (Le Channel). Son engagement comme son profil atypique ont influencé de jeunes collectifs comme EXYZT ou Encore heureux, les chantres de la réutilisation des matériaux, commissaires de “Lieux infinis” au pavillon français à la Biennale d’architecture de Venise 2018. Aujourd’hui, Patrick Bouchain, dont on connaît l’approche inventive rivée au pragmatisme (“révéler le possible ignoré1”), s’est lancé dans une démonstration du “permis de faire” (transcrit dans la loi ESSOC) avec ce qu’il définit comme “la preuve par sept” - un travail sur sept territoires d’échelles différentes -, et en appelle à un “urbanisme démocratique”.
1 – Cf. Permis de faire. Leçon inaugurale 2017 de l’École de Chaillot, Les Cendres / CAPa, 2019.