Virilio au milieu des oliviers

Le 20 Avril 2021
A Roof for Silence, Fouad Elkoury, oliviers de Bchaaleh, 2019. Ph. © Fouad Elkoury

Des oliviers millénaires pour apporter de la sérénité. Photographiés par Fouad Elkoury, filmés dans un triptyque par Alain Fleischer, ces arbres légendaires de Bchaaleh viennent répondre à la question “How will we live together?”, posée par Hashim Sarkis, le commissaire général de la Biennale d’architecture de Venise qui ouvre ses portes tandis que le monde lutte contre la pandémie. Intitulé A Roof for Silence, le pavillon libanais sera installé en dehors du circuit habituel de l’Arsenal et des Giardini, dans d’anciens entrepôts, les maggazzini del sale, face à l’île de la Giudecca. Conçu par Hala Wardé, ce pavillon met en résonance l’architecture, la peinture, la photographie et le cinéma. Si la pièce majeure est Olivéa, le poème-en-peinture d’Etel Adnan composé d’une série de seize toiles, Paul Virilio est au cœur de la thématique sur la question du vide. Pour l’architecte franco-libanaise, le drame du 4 août 2020 qui a ravagé Beyrouth a remis particulièrement en lumière la pensée du philosophe français disparu en 2018, dont les toiles peintes Les Antiformes posaient la question de l’espace entre les choses, du vide entre les objets. “Cette réflexion sur la profondeur de champ et sur la profondeur du temps est un petit manifeste d’architecture”, commente Hala Wardé qui, parallèlement, travaille sur le projet d’un musée de l’Accident, dont tout l’enjeu est de donner forme à une utopie itinérante : “on jette une bouteille à la mer, ce musée va prendre une forme toujours différente selon l’endroit où il va venir se fracasser”, préfigure l’architecte, qui a été l’élève de Paul Virilio à l’ESA. Dans le même temps paraît une nouvelle revue, Dromologie, publication annuelle dirigée par Thierry Paquot (éd. Eterotopia). Ce titre renvoie à la discipline dont Paul Virilio avait posé les bases afin d’explorer l’accélération du monde1 ; “une discipline qui s’intéresse aux ravages de l’accélération et de la course”, disait le philosophe à la fin des années 1970.
 

1 – “Vite, vif, vide”, cf. entretien avec Paul Virilio in Archiscopie, n° 16.