Editorial et sommaire
Architecture et patrimoine - Deux manifestations rituelles ont marqué cette rentrée : la Biennale internationale d’architecture de Venise(1) et les Journées européennes du patrimoine(2).
La première, dédiée à la création contemporaine, s’adresse plutôt aux acteurs de l’architecture, de la ville et du paysage, ne serait-ce que par les codes, souvent abscons, de représentation des projets. Sur trois mois, chaque édition reçoit environ 130 000 visiteurs de tous pays. La seconde, destinée au grand public, a réuni, chacune de ces dernières années sur l’ensemble des 16 000 bâtiments ou sites ouverts en France (certains à titre exceptionnel), plus de 12 millions de visiteurs. Sans vouloir comparer ce qui n’est pas comparable, ces visites de terrain à portée du domicile de chacun sont sans doute la meilleure sensibilisation à l’architecture, car il n’est pas besoin d’aller loin pour voyager. Quand on sait le rejet du public vis-à-vis de l’architecture et de l’urbanisme contemporains, assimilés de près ou de loin aux grands ensembles, cela montre la nécessité du débat sur la ville et l’urgence de trouver de nouvelles méthodes de médiation.
C’est à ce thème des grands ensembles que s’est attaqué Yves Lion, commissaire du pavillon français de la Biennale de Venise, avec des élèves de l’école d’architecture de Marne-la-Vallée. Leur installation revisite la “dorsale Est”, une ville multipolaire de près de 400 000 habitants en lisière de la région parisienne, inconnue (comme telle) sur les cartes, qui va d’Aulnay-sous-Bois à Marne-la-Vallée en passant par Montfermeil, Sevran, etc. L’idée est forte et la nécessité bien réelle de représenter ces territoires et d’y proposer des projets de développement à une échelle significative (en lien avec les travaux d’Yves Lion pour le Grand Paris). Mais les habitants s’y reconnaîtraient-ils en contemplant les grandes maquettes urbaines tapissant les murs et les propositions qui suivent ? Après avoir ouvert le pavillon à Venise, c’est sur le chantier de restauration de la cathédrale de Metz (XIIIe-XVIe s.) qu’Aurélie Filippetti, ministre de la Culture, a inauguré le 14 septembre la 29e édition des Journées européennes du patrimoine.
Elle a par ailleurs visité à Nancy la maison de Jean Prouvé (1954) dans le contexte des expositions consacrées à ce créateur3. Dans son discours de Metz, la ministre a annoncé une loi sur le patrimoine réactualisant le cadre actuel. Elle a aussi salué l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco du Bassin minier du Nord-Pas-de-Calais4, constitué entre 1850 et 1960, qui figure désormais parmi les 38 monuments et sites français de cette liste. Les trois exemples mis en exergue lors de sa visite en Lorraine - une cathédrale gothique, une maison singulière du XXe siècle et un bassin minier - illustrent l’évolution de la notion de patrimoine5 au cours de ces dernières décennies. Ainsi l’Inventaire général des monuments et des richesses artistiques de la France’, créé sous Malraux en 1964, est-il devenu l’Inventaire général du patrimoine culturel’ lors de sa décentralisation en 2004, suivant en cela l’évolution culturelle de notre société, au risque nécessaire de la surabondance.
Gwenaël Querrien
1 - Jusqu’au 25/11, sur le thème “Common Ground”. Cf. Calendrier (§ Expositions, à Venise).
2 - Sur le thème des “Patrimoines cachés”. Cf.www.culturecommunication.gouv.fr
3 - Cf. § Actualité et Calendrier (à Nancy : conférences, colloque, expositions).
4 - Cf. § Brèves.
5 - Sur les destructions et la protection du patrimoine, cf. § Documents, p. 24.
Au sommaire
"Nancy célèbre Jean Prouvé", par Gwenaël Querrien
“Jean Prouvé Nancy 2012”, ensemble de manifestations à Nancy jusqu’au 28/10. Commissariat général : Claire Stoulig ; commissariat scientifique : Catherine Coley.
"Une maison de Jean Prouvé rénovée à Tourcoing", par Bertrand Verfaillie
Rénovation d’une maison métropole (Jean Prouvé maître d’œuvre, 1952), 99, rue du Général Marchand, Tourcoing (Nord). Programme : rénovation et transformation en local professionnel. Maîtrise d’ouvrage : Vilogia. Maîtrise d’œuvre : Jean-Charles Huet. BET : Nortec. Conception lumière : Cathy Olive. Restauration des éléments métalliques : SMJ. Coût global : 240 000 €. Mécénat : Sogéa.
"Marseille - Belle de Mai. Les coulisses du MUCEM", par François Lamarre
Centre de conservation et de ressources du musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, rues Guibal et Clovis Hugues, la Belle de Mai, Marseille (Bouches-du-Rhône). Programme : accueil, administration, salles de consultation, réserves et ateliers de conservation. Maîtrise d’ouvrage : partenariat public-privé (PPP) sur 25 ans, ministère de la Culture et de la Communication / Icade. Maîtrise d’œuvre : Corinne Vezzoni arch., avec André Jollivet / Aura archi., direction de chantier. Surfaces : 13 200 m2 Shon. Coût des travaux : 15 M€ HT. Calendrier : concours 2004, études dès 2006 et signature du PPP décembre 2009, permis de construire juillet 2010, chantier 2011-2012 (18 mois), mise en service été 2012.
"Retour d’Islande", par Nolwenn Rannou
"Le festival Image de ville fête ses dix ans", par Rémi Guinard
Festival Image de ville, “La ville, ma muse” à Aix-en-Provence du 9 au 11/11, et à Paris le 16/11 à la Cité de l’architecture et du patrimoine. Cf.www.imagedeville.org.
"Paris martyrisé, Paris sauvegardé, Paris muséifié ?", par Marie-Jeanne Dumont
• Pierre Pinon, Paris détruit. Du vandalisme architectural aux grandes opérations d’urbanisme, Paris, Parigramme, 2011, 318 p., 49 €.
• Ruth Fiori, L’Invention du Vieux Paris. Naissance d’une conscience patrimoniale dans la capitale, Wavre, Mardaga, 2012, 328 p., 35 €.
"Lieux d’être", par Anne Demerlé-Got
Chris Younès, Michel Mangematin, Lieux d’être, Archibooks+Sautereau, 2011, 152 p., 21,90 €.
"L’Atelier et l’amphithéâtre", par Thierry Mandoul
Guy Lambert, Estelle Thibault (dir), L’Atelier et l’amphithéâtre. Les écoles de l’architecture, entre théorie et pratique, Wavre, Mardaga, coll. Architecture, 2012, 217 p., 29 €.