Éditorial et sommaire
"Le fonctionnalisme est-il mort ?" - Concept fondateur de l'architecture moderne, le fonctionnalisme est né à l'époque héroïque de l'industrialisation(1) (milieu XIXe s.) avec pour références la nature (idée de la fonction qui crée l'organe) et la machine (rationalisme constructif). Est-il aujourd'hui dépassé ?
À l'échelle urbaine, sa traduction simpliste en zoning et grands ensembles a été critiquée depuis longtemps. Mais pour la conception des bâtiments, le high tech est devenu le symbole du fonctionnalisme constructif (sinon d'usage), jusqu'à imaginer une dématérialisation de l'architecture inspirée par les nouvelles technologies numériques : la boîte de verre à tout va et son corollaire, la climatisation. Aujourd'hui, l'objectif du développement durable (donc d'économie d'énergie) a disqualifié cette pratique, mais les nouveaux outils de conception en 3D permettent de bâtir des formes complexes, loin de la rationalité que suggère le bilan thermique. Ainsi se développe, dans le sillage de Gehry à Bilbao, une architecture-sculpture, y compris à l'échelle des méga-tours, avec laquelle les créateurs font (chèrement) rêver les édiles, les émirs et les patrons de grandes entreprises en quête d'image choc, même si "la crise" a tempéré les ardeurs. Parallèlement, les reconversions les plus improbables sont devenues monnaie courante et souvent des réussites : une piscine mute en musée d'Art à Roubaix, les pompes funèbres municipales en centre de création artistique à Paris (le 104)..., comme si la fonction initiale n'avait guère d'importance, seules comptant la capacité du volume du bâtiment (outre sa localisation), la qualité de ses matériaux et l'imagination de ceux chargés de le recycler. La question vaut d'être posée car réhabilitation et maintenance représentent 55% du marché actuel du bâtiment, même si 74% du chiffre d'affaires des architectes reste la construction neuve. C'est le souci de préserver le patrimoine - d'abord les vieilles pierres2 (années 1960), plus tard les "châteaux de l'industrie" (années 1970-1980) - qui a poussé à la réutilisation de bâtiments, souvent à un coût comparable au neuf compte tenu des exigences de remise aux normes techniques (y compris de sécurité). Après l'écomusée, voué à la mémoire de lieux économiquement sinistrés et misant sur le tourisme, on imagine toutes sortes de programmes, souvent culturels mais aussi d'activités diverses ou de logement, à des échelles variées3. Mais c'est l'idée du développement durable, induisant la prise en compte du coût global (encore rare), qui va privilégier le recyclage plutôt que les démolitions-reconstructions. Est-ce pour autant la fin du fonctionnalisme ? Sans doute pas, car bien avant la diffusion de ce concept, l'idée de rationalité fonctionnelle et constructive a toujours accompagné l'architecture, avec plus ou moins de cohérence et de nombreux écarts. La forme n'a jamais été l'expression automatique de la fonction, heureusement.
Gwenaël Querrien
1 - Sur les notions de "fonctionnalisme" et "high tech", cf. notamment le Dictionnaire de l'architecture du XXe siècle, 1996, éd. Hazan-Ifa (rééd. en DVD, 2003, par la RMN).
2 - Cf. Loi Malraux instituant les secteurs sauvegardés du 4/8/1962.
3 - Cf. § Actualité : "Châtenay-Malabry", "Nantes" et "Saint-Étienne".
Au sommaire
"Pôle culturel à Châtenay-Malabry", par Gwenaël Querrien
Pôle culturel "La Renaissance", 254 av. de la Division Leclerc (RD 986), Châtenay-Malabry (Hauts-de-Seine). Programme : salle de spectacle et conservatoire de musique. Maîtrise d'ouvrage : SEM 92 pour la Ville de Châtenay-Malabry. Maîtrise d'œuvre : Agence Nicolas Michelin et ass. arch. ; Architecture et technique scénographe ; Nathalie Crinière (agence Nc) coloriste ; Peuz et ass. acousticien. Concours mars 2003 ; études mai 2003 à mai 2004 ; chantier 2005-mars 2008. Surface SHON : 8 077 m2. Coût des travaux : 17 M€ (valeur 2003).
"Nantes, les métamorphoses du stade Marcel-Saupin", par Olivier Namias
• Requalification urbaine du site du stade Marcel-Saupin à Nantes (Loire-Atlantique). Études de définition avec maîtrise des programmes publics : FGP(u) architectes-urbanistes (pour Jacques Ferrier, Philippe Gazeau et Louis Paillard), avril-septembre 2005.
• Ensemble IEA, MSH, Résidence tourisme, Brasserie. Maître d'ouvrage : SEM Aménagement, Résid'Études, Socogim. Maître d'œuvre : FGP(u) architectes-urbanistes.
• Réhabilitation de la tribune du stade. Maître d'ouvrage : Ville de Nantes. Maître d'œuvre : Quadra.
• Parking Bureaux Espace Saupin. Maître d'ouvrage : Socogim. Maître d'œuvre : FGP(u) architectes-urbanistes. Coût global de l'opération : 26 M€ Ht env.
"Saint-Étienne, de la mémoire à la métropolisation", par Gabriel Ehret
Projets urbains à Saint-Étienne.
"Saragosse, capitale du développement durable ?", par Julien Bastoen
Saragosse, aménagements urbains après l'Exposition internationale sur le thème "L'eau et le développement durable" du 14/6 au 14/9/2008.
"Élie Azagury, 1918-2009", par Marine Broux
"Un Atlas du logement urbain", par Serge Santelli
Eric Firley et Caroline Stahl, The Urban Housing Handbook, Chichester, éd. John Wiley and Sons, 2009, 328 p., 56,30 €.
"Guide des paysages d'Eure-et-Loir", par Anne Demerlé-Got
Némis, Guide des paysages d'Eure-et-Loir, Chartres, éd. Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement d'Eure-et-Loir, 2008, 295 p., 25 €. Diff. CAUE 28, 6 rue Charles-Victor Garola, 28000 Chartres, tél. 02 37 21 21 31.
"Les hôtels particuliers de Paris, du Moyen Âge à la Belle Époque", par Pierre Pinon
Alexandre Gady, Les Hôtels particuliers de Paris, du Moyen Âge à la Belle Époque, Paris, éd. Parigramme, 2008, 327 p., 49 €.