N°61 - octobre 2006

Éditorial et sommaire

Exposer l'architecture - La réception mitigée de la Biennale de Venise1 manifeste la difficulté d’exposer l’architecture, liée à son statut d’art situé et intransportable : on montre donc des représentations et non les œuvres elles-mêmes. Lorsqu’il s’agit du projet urbain ou paysager, le problème est le même.

Les expositions sont pourtant utiles, à différents niveaux, non exclusifs. Le premier est celui de la communication : les éléments présentés sont souvent produits spécialement afin de rendre compréhensible et séduisante l’œuvre absente d’un architecte, contemporain ou non. Il s’agit alors de documenter un projet, plus ou moins servi par le graphisme, comme les pages agrandies d’une revue. Les projets de concours relèvent aussi de cette démarche. Ainsi ceux d’Europan 8 - dont le thème était “urbanité européenne et projets stratégiques”- étaient-ils récemment présentés comme un album, ou une base de données, au Forum de Dordrecht conçu pour faciliter les échanges entre acteurs et d’éventuelles commandes. Le second niveau est plus complexe. On invite le visiteur, non plus à contempler un objet fini - ce qui ne peut se faire qu’au pied du mur - mais à comprendre le processus de création, ce qui favorise l’analyse critique. Le projet est dès lors une part essentielle de l’œuvre finale, ceci sans minimiser l’importance de la construction. Exposer des documents originaux - quels que soient les supports, papier ou virtuels, dessins ou maquettes... - extraits des archives des architectes est très stimulant. Il faut remarquer ici que les nouveaux outils de conception virtuels obligent à repenser la notion d’original et celle d’archives : l’original n’est plus la pièce unique par opposition à la reproduction ou au schéma interprétatif, mais une vue reproductible d’un état d’avancement du projet. Ultime ambition, une exposition peut prétendre faire elle-même œuvre. “Cités-cinés”2 est à cet égard restée célèbre, même si ce sont les extraits d’œuvres cinématographiques qui lui ont donné corps. Dans un autre registre, on évoquera l’exposition des superbes maquettes de la Renaissance italienne, qui traitait justement de la représentation en architecture3. Ce peut être encore une installation artistique, tel l’échaffaudage habité de l’actuel pavillon de la France à la Biennale de Venise. Patrick Bouchain, avec le collectif EXYZT plutôt que d’exposer sur le thème proposé, “Cité - Architecture et société”, a choisi d’exprimer sa conception hédoniste de l’architecture et de la ville en invitant les visiteurs à partager un peu de temps, de réflexion et quelques verres avec les concepteurs-installateurs-habitants de la Métavilla4, métaphore de la métacité. À voir la joyeuse affluence, cela répond à l’attente du public, ces prises de position suscitant autre chose que la consommation passive d’information : de l’étonnement, de la curiosité, une envie de changer le monde...
Gwenaël Querrien

1 - Cf. notamment Le Monde du 10/9/06 (F. Edelmann).
2 - La Villette, 1987-1988, F. Barré et F. Confino commissaire et scénographe.
3 - Au Palazzo Grassi à Venise (1994), puis en itinérance dont à Paris (MMF, 1995).
4 - Cf. Le Petit Robert : Méta (du grec) exprime “la succession, le changement, la participation” et, en philosophie et en sciences humaines, “ce qui dépasse, englobe”.

 

 

Au sommaire

 

"Visite au quai Branly", par Alain Borie
Musée du quai Branly, Paris 7e. Maîtrise d’ouvrage : Établissement public du musée du quai Branly. Maîtrise d’œœuvre : Ateliers Jean Nouvel arch. ; Gilles Clément/Acanthe aménagement paysager ; Yann Kersalé/Aik mise en lumière ; Patrick Blanc mur végétal.

"On Air à Hyde Park", par Rémi Rouyer
Serpentine Gallery Pavilion 2006, Hyde Park, Londres, conçu par Rem Koolhaas et Cecil Balmond, avec Arup. Maîtrise d’ouvrage : Serpentine Gallery.

"Le faubourg, toujours. Patrick Berger, Paris 12e", par Jean-Claude Garcias
11 logements PLI dont 4 sont couplés avec des ateliers d’artiste et 2 locaux commerciaux au rez-de-chaussée de chaque bâtiment, angle des rues du Faubourg Saint-Antoine et de Citeaux, Paris 12e. Maîtrise d’ouvrage : Sagi. Maîtrise d’œœuvre : Patrick Berger avec Janine Galiano arch.

"Le jour le plus dense. CAUE 92, colloque Entre-temps, face à demain", par Olivier Namias
Le 25/4/2006 à l’École de danse de l’Opéra national de Paris, Nanterre.

"La restitution numérique de la Maior Ecclesia à Cluny", par Anne Moignet-Gaultier
Création audiovisuelle (film et multi-image vidéo) : École nationale supérieure des arts et métiers, Centre des monuments nationaux ; réal. Institut Image.

"Esquisses de Frank Gehry", par Rémi Guinard
Film de Sydney Pollack, USA, 1h23. En salle.

"Le Sunny Side of the Doc 2006 a déménagé", par Rémi Guinard
La Rochelle, du 27 au 30/6/2006.

"Architecture écologique. Une histoire critique", par Frédéric Nicolas
Ouvrage de James Steele, éd. Arles, Actes Sud, 2005, 271 p., 59 €€.

"Ville fermée, ville surveillée. La sécurisation des espaces résidentiels en France et en Amérique du Nord", par Éric Furlan
Ouvrage de Gérald Billard, Jacques Chevalier, François Madoré, éd. Rennes, Presses universitaires de Rennes, coll. Géographie sociale, 2005, 235 p., 18 €€.

"Les maisons de Tolède", par Pierre Pinon
Jean Passini (préface de Pierre Toubert), Casas y casas principales urbanas. El espacio doméstico de Toledo a fines de la Edad Media, Tolède, Universidad de Castilla-La Mancha, 2004, 725 p., 43 €€.

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