N°74 - février 2008

Sommaire et éditorial

Après la maison à 100 000 € de Jean-Louis Borloo, celle à 15 € par jour, soit 450 € par mois sur 20 ans pour 80 m0, de Christine Boutin serait sa sœur jumelle si elle n’était accompagnée d’un système de financement qui dissocie bâtiment et foncier.

Le nouveau “pass-foncier”1 permet de différer et d’étaler le paiement du terrain au-delà du crédit de la maison, le portage financier étant assuré par un organisme collecteur du 1%. Penser au coût du foncier dans le dispositif d’acquisition sociale, encadré en termes de niveaux de ressources des accédants et de garanties les protégeant, est un progrès. Reste pourtant une question fondamentale. Comment concilier une politique de développement durable annoncée qui impose de lutter contre l’étalement urbain, et une politique du logement qui voudrait que chaque Français puisse devenir propriétaire grâce à des mesures concrètes concernant d’abord le secteur de la maison individuelle (individuel groupé en l’occurence), vecteur d’étalement urbain ? Quelle que soit la couleur politique des responsables, les contradictions ne manquent pas. Ainsi la vente de logements sociaux locatifs aux occupants qui en font la demande2, alors même que dans les grandes villes l’offre en logements sociaux est très insuffisante et le foncier de plus en plus rare. Si de telles ventes favorisent mobilité résidentielle et mixité sociale à court terme, elles limitent l’offre locative au lieu de l’amplifier pour répondre à la demande et freiner l’augmentation des prix. La notion même de mixité, supposée vertueuse, peut s’avérer excluante si on l’applique à la rénovation de quartiers populaires, sociaux de fait (parc privé mais vétuste donc en principe moins cher), comme dans l’Est parisien. On pose trop rarement la question de savoir quelle ville construire et pour qui, mais on essaye de faire au mieux une succession d’opérations dont les objectifs n’intègrent pas l’ensemble des paramètres. Prendre le temps de réfléchir sur la ville du futur est pourtant indispensable et quel meilleur endroit pour le faire que les écoles d’architecture : on lira à ce propos avec intérêt le(s) point(s) de vue d’enseignants de l’école de Bretagne3. Ainsi Jacques Ferrier imagine-t-il la ville de 2030 comme une collection de tours écologiques d’environ 200 m de haut, dessinées par quelques “grands couturiers”, émergeant d’un velum général plutôt bas : l’hyperconcentration autorisée par la ville basse qui en absorbe les chocs, image d’une société à deux vitesses ? Le monde décrit par l’architecte en laissera plus d’un perplexe tant sur le fond que sur les formes. Mais cela donne à réfléchir. La contribution de François Seigneur, qui parle de la fonction critique de l’utopie en architecture et porte un regard sans concession sur la ville actuelle, est plus classiquement politique mais non moins percutante.
Gwenaël Querrien

1 - www.logement.org/financement/passfoncier.php
2 - Sous conditions (logements de plus de 10 ans, conditions de ressources, encadrement de la revente) : cf. www.logement.gouv.fr/rubrique.php3?id_rubrique=604.
3 - Cf. Exercice(s) n° 0, revue lancée par l’Énsab pour s’ouvrir à l’extérieur et échanger avec les divers acteurs régionaux. Rédaction collégiale, 130 p., 15x30 cm, trois rubriques : “Point de vue” où anticipation et utopie trouvent leur place, “Pédagogie” et “Travaux d’étudiants”, truffées de “Petit questionnaire indiscret”, sur le mode du questionnaire de Proust, auquel répondent des conférenciers. Énsab, tél. 02 99 29 68 00, Chloé Sauvage.

 

 

Au sommaire

 

"Cristal Saint-Louis : le musée dans la fabrique", par Gwenaël Querrien
La Grande Place, musée du Cristal Saint-Louis, Saint-Louis-lès-Bitche (Moselle). Création d’espaces pour la collection permanente et des expositions ; aménagement du comptoir de vente. Maître d’ouvrage : association Saint-Louis Cristal/Lumière en pays de Bitche ; maître d’ouvrage délégué : Cristal Saint-Louis. Maître d’œœuvre : Florence Lipsky et Pascal Rollet architectes ; suivi des études Catherine Fleury, suivi de chantier Laurent Thierry ; scénographie Philippe Délis ; muséographie Marcel Meyer en coll. avec Philippe Délis ; signalétique Intégral Ruedi Baur & ass. ; Surface : 945 m2 Shon. Livraison juin 2007. Montant des travaux : 1 780 820 €€.

"Bastide, béguinage ou phalanstère ? La cité artisanale de Valbonne", par Armelle Lavalou
Cité artisanale de Valbonne (Alpes-Maritimes). Maîtrise d’ouvrage : Mairie de Valbonne, mandataire, Sovalac. Maîtrise d’œœuvre : Comte & Vollenweider architectes, François Navarro paysagiste. Shon : 4 500 m2. Livraison : juillet 2007. Coût : 4 127 000 €€ HT.

"Le Parc des Hauteurs. Colline de Fourvière", par Gabriel Ehret
Parc des Hauteurs, colline de Fourvière, Lyon (Rhône). Maîtrise d’ouvrage : Ville et Communauté urbaine de Lyon. Conception générale : Michel Corajoud paysagiste. Lien vert : Ville maître d’œœuvre, 1,7 km, 300 000 €€ TTC ; Sarra : Tim Boursier-Mougenot, 1 ha, 600 000 €€ ; passerelle des Quatre-Vents et chemin du Viaduc : Desvigne et Dalnoky, M. Gautrand (passerelle), 1 ha, 1 135 000 €€ ; Rosaire : M.-A. Boyer, S. Maniaque, I. et M.-L. Bourne, 2,5 ha, 1 590 000 €€ ; Visitation : P. Cribier et P. Écoutin, 315 m de long, 750 000 €€ ; Antiquaille : Ilex, 3 ha, 6 000 000 €€ ; place Valensio : In Situ, 1 850 m2, 910 000 €€ ; places autour de Saint-Georges : Ilex, 1 ha, 6 150 000 €€.

"Nimby-Wimby. Une crèche à Paris", par Thierry Mandoul
• Crèche collective de 66 berceaux et deux logements de fonction, 6 rue Rambuteau, 2 passage Sainte-Avoye, Paris 3e. Maîtrise d’ouvrage : Ville de Paris, direction des Familles et de la Petite Enfance (DFPE) ; maîtrise d’ouvrage déléguée : SEM Paris Centre. Maîtrise d’œœuvre : Agence Le Penhuel Architecte. Entreprise générale : Bouygues Bâtiment. Ouvrages publics. Shon : 1 272 m2. Début du chantier : mars 2006. Réception : juin 2007. Ouverture au public : septembre 2007. Budget : 2,8 M€€ HT (2 200 €€/m2 HT).
• Wimby-Hoogvliet, expérience de développement de propositions alternatives, avec les habitants, dans le cadre de la reconversion urbaine de la ville nouvelle de Hoogvliet située dans l’aire portuaire de Rotterdam.

"Au CCA, Montréal : '1973. Désolé, plus d’essence'", par Caroline Maniaque
Exposition “1973. Désolé, plus d’essence”, du 7/11/2007 au 20/4/2008 au Centre canadien d’architecture, Montréal. Catalogue : Giovanna Borasi, Mirko Zardini (dir.), Désolé, plus d’essence. L’innovation architecturale en réponse à la crise pétrolière de 1973, Montréal/Mantoue, éd. Centre canadien d’architecture/Corraini, 2007, 35 €€.

"Flexible housing", par Rémi Rouyer
Tatjana Schneider et Jeremy Till, Flexible Housing, Oxford, éd. Architectural Press-Elsevier, 2007, 237 p., 34,99 £.

"Du dessein historique à l’action publique. Louis Hautecœœur", par Pierre Pinon
Antonio Brucculeri, Louis Hautecœcœur et l’architecture classique en France. Du dessein historique à l’action publique, préface de Dominique Poulot, Paris, éd. Picard, 2007, 450 p., 69 €€.

"Grammaire des jardins parisiens", par Ann Caroll Werquin
Dominique Jarrassé, Grammaire des jardins parisiens. De l’héritage des rois aux créations contemporaines, Paris, éd. Parigramme, 2007, 272 p., 22 €€.

"Dictionnaire des jardins et paysages", par Anne Demerlé-Got
Philippe Thébaud, Dictionnaire des jardins et paysages, Paris, éd. Jean-Michel Place, 2007, 790 p., 65 €€.

Mensuels parus