N°125 - novembre 2013

Recyclage - De tout temps, on a réutilisé des édifices à des fins autres que celles pour lesquelles ils avaient été bâtis, ou recyclé leurs matériaux. Pour prendre un exemple célèbre, le Parthénon a servi successivement de temple dans l’Antiquité, de mosquée sous les Turcs (XVe s.), de dépôt de poudre à canon au XVIIe s. (d’où son explosion lors d’une bataille entre Turcs et Vénitiens) avant de devenir un haut lieu du tourisme.

Pour parler de l’architecture urbaine ordinaire, on peut citer les nombreuses conversions d’immeubles de logements en bureaux et inversement selon les périodes, la transformation de fabriques en lofts, ou bien, à la campagne, celle des fermes, moulins ou petites gares désaffectés en maisons d’habitation ou en résidences secondaires. Ces changements d’usage sont possibles car nombre de bâtiments ont avant tout valeur d’abri et sont adaptables, même si le projet peut être parfois complexe.
Dans les années 1970, l’évolution du regard porté par nos sociétés sur le patrimoine, et notamment sur le patrimoine industriel, a ouvert de nouveaux horizons auxquels on ne songeait pas dans les années 1960, décennie des rénovations bulldozer et du diktat fonctionnaliste. Cruel retour des choses : ce sont aujourd’hui des grands ensembles de cette période qui sont la proie des pelleteuses (en pleine crise du logement, un des motifs restant la dispersion des habitants). Dès la fin des années 60, la critique des grands ensembles née du mouvement de la sociologie urbaine a fait redécouvrir la richesse de la ville sédimentaire, l’intérêt de projeter dans un contexte plutôt que sur une page blanche, l’apport de l’histoire à la création.
On pourrait croire que les bâtiments conçus pour des fonctions très spécifiques sont presque impossibles à reconvertir : force est de constater que, dès lors que la distribution intérieure est modifiable et le budget adapté, c’est souvent l’occasion de créer des nouveaux lieux originaux et agréables à vivre, qui n’auraient pas été envisageables en construction neuve du fait des normes, de la rigueur budgétaire (les volumes des nouveaux programmes installés sur d’anciens sites industriels sont souvent bien plus généreux que ceux créés de toutes pièces pour les mêmes fonctions) mais aussi d’un certain conformisme. Leurs nouvelles fonctions sont souvent culturelles mais aussi de logement, d’enseignement, d’activités diverses (tertiaire, pépinières d’entreprises...)1. Les anciens abattoirs de la Villette sont l’exemple emblématique des années 70.
Plus récemment, les opérations se sont multipliées à l’aune des objectifs du développement durable qui veulent que l’on préfère réutiliser qu’éradiquer, à charge pour les concepteurs de respecter les règlements thermiques en cours. Nous rappellerons pour exemple la grande halle de la fonderie de Mulhouse devenue un superbe lieu universitaire, aux allures de passage couvert (cf. Archiscopie, n° 72, déc. 2007). Ce numéro explore cinq réalisations récentes qui ont en commun de “construire dans le construit” des programmes très divers, qu’il s’agisse de réhabilitation, de remodelage, d’extension ou de reconversion2.
Gwenaël Querrien

1 - La Cité prépare pour 2014-2015 une exposition sur le thème “Un bâtiment, plusieurs vies”.
2 - Aujourd’hui la part de la réhabilitation dans le marché de la construction (134 milliards d’euros au total) est de près de 55 % (entretien et amélioration confondus).

 

 

Au sommaire

 

"Le nouveau Théâtre de Liège", par Gwenaël Querrien
Place du 20-Août, Liège, Belgique. Maîtrise d’ouvrage : Ville de Liège. Maître d’œœuvre : Pierre Hebbelinck et Pierre de Wit arch. Budget : 23 M€€ (hors honoraires). Dans le bâtiment existant : accueil, billetterie, café-bar, vestiaires, grande salle de 565 places (plateau de 18x21 m) au Rdc ; espace pédagogique, salle d’exposition (R+1) ; salons pour restauration et événements ; administration et conciergerie (R+3). Dans les nouveaux corps de bâtiment : café, réserves et atelier décor au Rdc ; petite salle de spectacle 145 pl., réserves costumes (R+2) ; salle de répétition, administration, foyer-cafétéria, atelier couture (R+3), loges (R+1), foyer, services techniques (accès décors, réserves, ateliers de couture, de décoration, maquillage / perruque, accessoires).

"La renaissance du Neues Museum à Berlin", par Serge Santelli
Ïle aux Musées, Bodestraße 1-3, Berlin. Maîtrise d’ouvrage : Stiftung Preußischer Kulturbesitz representé par Bundesamt für Bauwesen und Raumordnung. Maîtrise d’œœuvre : Friedrich August Stüler arch. (1859) ; David Chipperfield architecte, avec Julian Harrap architects pour la réhabilitation-reconstruction (1997-2009). Scénographie : Michele de Lucchi. Surface : 20 500 m2. Coût : 200 M€€.

"L’ENSA de Strasbourg double la mise", par François Lamarre
École nationale supérieure d’architecture de Strasbourg, 8 boulevard Wilson, Strasbourg (Bas-Rhin). Maîtrise d’ouvrage : ministère de la Culture et de la Communication, DG des patrimoines. Mandataire de la maîtrise d’ouvrage : OPPIC. Maîtrise d’œœuvre : Marc Mimram, architecte mandataire, avec pour co-traitants Marc Mimram Ingénierie (structure et économie), Alto Ingénierie (fluides), Peutz & associés (acoustique). Surfaces : 4 500 m2 Shon en neuf (“la fabrique”) et 4 400 m2 Shon en réhabilitation (“le garage”). Coût total des travaux : 13,4 M€€ HT, financés par l’État avec la participation de la ville de Strasbourg, du département du Bas-Rhin et de la région d’Alsace. Calendrier : concours janvier 2008, permis de construire mars 2010, démarrage des travaux 2010 (démolition) et 2011 (construction), livraison du bâtiment neuf mai 2013, livraison du bâtiment existant restructuré décembre 2014.

"Toulon, complexe sportif Léo-Lagrange", par Jean-François Pousse
Stade Léo-Lagrange, avenue René Cassin, Toulon (Var). Programme : 2 tribunes de 1 350 et 1 045 places, 4 terrains de football / rugby, 5 terrains multisports, 2 pistes d’athlétisme, une salle polyvalente de 3 000 m2, vestiaires, bureaux et locaux associatifs, parking de 7 000 m2. Maîtrise d’ouvrage : communauté d’agglomération de Toulon Provence Méditerranée. Maîtrise d’œœuvre : agence Archi5 associée à Borja Huidobro. Coût : 27,88 M€€ HT. Calendrier : lauréats concours janvier 2006, fin des travaux juin 2012, inauguration février 2013.

"Reconversion de la Halle Pajol, à Paris 18e", par François Lamarre
Reconversion d’une halle ferroviaire avec création d’une auberge de jeunesse (330 lits), d’une salle d’assemblée et de spectacle (280 places), d’une bibliothèque municipale, de commerces et locaux d’activité, et du jardin public Rosa-Luxembourg en partie couvert, rue Pajol, Paris 18e. Maîtrise d’ouvrage : Ville de Paris et SEMAEST, mandataires du groupement comprenant notamment la Fédération unie des auberges de jeunesse. Maîtrise d’œœuvre : Jourda Architectes Paris (JAP), Françoise-Hélène Jourda, architecte, Raphaëlle-Laure Perraudin chef de projet. Paysagiste : In Situ. Surface : 10 108 m2 habitables. Coût des travaux bâtiment : 26,7 M€€ HT (sans l’équipement photovoltaïque). Calendrier : concours 2007, études 2008-2010, début du chantier de construction 2011, livraison du bâtiment mai 2013, livraison du jardin décembre 2013.

"Réhabilitation de la Cité de refuge (suite)", par Marie-Jeanne Dumont

"Actualité des cités-jardins", par Hubert Lempereur
• Maurice Culot (dir.), J.-J. Eggericx. Gentleman architecte. Créateur de cités-jardins, Bruxelles, AAM / CFC, 2012, 336 p., 45 €€.
• Le Mus, musée d’Histoire urbaine et sociale à Suresnes, 1 place de la Gare de Suresnes-Longchamp, ouvert du mercredi au dimanche (14h-18h).

"Du dessin : Les Carnets du paysage", par Anne Demerlé-Got “Du dessin”, Les Carnets du paysage, Versailles / Arles, éd. École nationale supérieure de paysage / Actes Sud, n° 24, printemps 2013, 240 p., 26 €.

"Trottoir et décrottoirs : histoires d’un territoire piéton", par Guy Lambert
• Daniel Vaillancourt, Les Urbanités parisiennes au XVIIe siècle. Le livre du trottoir, Québec, Les Presses de l’université Laval, 2009, 329 p. (rééd. : Paris, Hermann, 2013, 326 p., 28 €€).
• Didier Serplet, Werner Lambersy, Gratte-pieds de Bruxelles, Bruxelles, CFC, 2006, rééd. en 2012, 88 p., 20 €€.
• Laurence Rosier, Christophe Holemans, Décrottoirs ! Voetschrapers ! Boot scrapers !, Bruxelles, Racine, 2012, 127 p., 24,95 €€.

Mensuels parus