N°117 - décembre 2012

Editorial et sommaire

Rien ne change, tout se transforme. Après Fukushima, Sandy, et al. - Curieusement, l’édification de murs de défense, que l’on pourrait croire un programme du passé - de la Grande muraille de Chine(1) au mur de Berlin, en passant par les villes fortifiées et les ouvrages de Vauban -, reste d’actualité dans les conflits politiques et/ou économiques du XXIe siècle, à l’heure de la mondialisation, de l’internet et des drones.

Dans cette dernière décennie, des États ont ainsi dressé des murs de séparation, tels Israël pour s’isoler de la Cisjordanie (plus de 700 km) ou les États-Unis pour freiner l’immigration clandestine mexicaine (1 100 km sur 3 500 km de frontières USA / Mexique). Mais un nouveau genre de rempart surgit ici et là : le mur de défense, non plus contre ses voisins, mais contre les vagues géantes, autrement dit, le mur anti-tsunami (phénomène souvent consécutif à un tremblement de terre sous-marin), pour protéger certaines côtes urbanisées ou des centrales nucléaires bâties sur le littoral, en particulier en zone sismique. Les grandes catastrophes récentes, tels le tsunami de décembre 2004 en Asie du sud-est (le plus meurtrier), l’ouragan Katrina de 2005 qui a dévasté la Nouvelle-Orléans, le tsunami de 2011 au Japon qui a provoqué la catastrophe nucléaire de Fukushima, enfin l’ouragan Sandy fin octobre 2012, génèrent bien sûr études et réflexions.
Après 2004, plusieurs pays d’Asie ont modifié leurs règles de recul des nouvelles constructions par rapport à la côte afin de créer des zones tampons capables d’amortir les mégavagues, l’Indonésie décidant même de déplacer des constructions existantes dans le secteur le plus touché de Sumatra. Au Japon, quelques mois après la catastrophe de Fukushima, le premier ministre ayant décidé d’arrêter provisoirement toutes les centrales nucléaires pour vérification et sécurisation des sites, l’opérateur de celle d’Hamaoka - la première stoppée car située au bord du Pacifique dans une zone à fort risque sismique, à 200 km au sud de Tokyo - annonçait la construction d’un mur antitsunami de 18 m de haut et 1,6 km de long, pour un coût d’environ 890 millions d’euros. Mais les scientifiques nippons évoquant la possibilité de vagues de 20 m (voire 35 m !), le mur devra monter à 21 m... Aux USA, le récent passage de Sandy relance les débats sur les mesures à prendre : après une trentaine de morts dans les Caraïbes - à Haïti, Cuba, en Jamaïque et aux Bahamas -, l’ouragan a fait une centaine de victimes, malgré les précautions prises, à New York, dans le New Jersey, dans le Maryland et en Pennsylvanie. Des maisons, des ponts, divers aménagements côtiers ont été pulvérisés. Une partie du métro new-yorkais et des installations électriques ont été inondées.
Plusieurs millions de personnes ont été privées d’électricité, certains restant prisonniers dans les tours : on espère éviter cela à l’avenir en développant des bâtiments à énergie positive2. Globalement, les réflexions des Américains vont plutôt dans le sens de celles des Néerlandais, qui ont expérimenté toutes sortes de dispositifs pour disputer leur pays à la mer et aux fleuves, et qui choisissent - si possible - de créer des espaces tampons inondables, plutôt que de multiplier et rehausser les digues dont les ruptures sont meurtrières3. Devant certaines villes américaines, il faudrait créer des espaces artificiels amortisseurs de vagues : des projets naissent déjà...
Gwenaël Querrien

1 - Entre 6 500 et 7 300 km de long selon les sources.
2 - Cf. Alan Feuer, “Protecting the City, Before Next Time”, www.nytimes.com, 3/11/2012.
3 - Cf. Th. Mandoul et S. Rousseau,
Rotterdam, coll. “Portrait de ville”, 2009, éd. Cité.

 

 

Au sommaire

 

"De l’électricité au 7e art : la Cité du cinéma à Saint-Denis", par Olivier Namias
Cité du cinéma, 20 rue Ampère, Saint-Denis (Seine-Saint-Denis). Programme : reconversion de l’ancienne centrale Edf en Cité du cinéma, comprenant 9 plateaux de tournage, des locaux d’activité, des bureaux, une salle de projection, un restaurant d’entreprise, 2 écoles de cinéma dont l’école nationale supérieure Louis-Lumière, un parc de stationnement de 477 places. Maîtrise d’ouvrage : EuropaCorp Studios. Maîtrise d’ouvrage déléguée : Vinci Immobilier. Maîtrise d’œœuvre : Reichen & Robert et Associés (Philippe Robert, Jean-François Authier, Marie-Hélène Maurette, Jacques Lissarrague, Clément Deodati chefs de projet). Surface : 62 000 m2 SHON au total. Montant des travaux : 103 M€€ HT. Calendrier : 2004, début des études ; 2006, permis de construire ; mars 2010-avril 2012, chantier ; septembre 2012, ouverture.

"Mémorial de la Shoah à Drancy", par Jean-François Pousse
Mémorial de la Shoah, 110-112 av. Jean Jaurès, Drancy (Seine-Saint-Denis). Programme : centre d’histoire et d’éducation, salles de conférences, d’exposition, centre de documentation. Maîtrise d’ouvrage (et utilisateur) : Mémorial de la Shoah (Paris). Architectes : Diener & Diener Architectes. Maîtrise d’œœuvre d’exécution : D2a Management et Éric Lapierre Expérience. Surfaces : 2 980 m2 SHOB et 2 365 m2 SHON. Concours : 2005-2006. Réalisation : septembre 2012.

"Logements étudiants rue Myrha, Paris 18e", par François Lamarre
Résidence pour étudiants, 55 rue Myrha, Paris 18e. Programme : 17 studios, 2 duplex pour deux personnes, local de convivialité, bureau et loge Crous. Maîtrise d’ouvrage : Batigère Île-de-France. Maîtrise d’œœuvre : uapS (Anne Mie Depuydt & Erik Van Daele, architectes urbanistes). Surfaces : 691 m2 SHON. Coût construction : 1,72 M€€ HT. Calendrier : concours 2006, livraison 2012.

"Labrouste, Baltard, deux architectes du XIXe siècle", par Marie-Jeanne Dumont
• Exposition “Labrouste (1801-1875) architecte. La structure mise en lumière”, Cité de l’architecture et du patrimoine, jusqu’au 7/1/2013. Catalogue sous la direction de Corinne Bélier, Barry Bergdoll et Marc Le Cœœur, La Structure mise en lumière, Labrouste (1801-1875) architecte, Paris / New York, Nicolas Chaudun / CAPa / BNF / MoMA, 272 p., 42 €€.
• Exposition “Victor Baltard (1805-1874), le fer et le pinceau”, musée d’Orsay, jusqu’au 13/1/2013. Publication : Alice Thomine-Berrada, Baltard, architecte de Paris, Paris, Gallimard, coll. Découvertes, 128 p., 13,60 €€.

"La demeure médiévale à Paris", par Guy Lambert
Exposition “La demeure médiévale à Paris”, jusqu’au 14/1/2013 aux Archives nationales à Paris (Hôtel de Soubise). Ouvrages publiés à cette occasion : Étienne Hamon, Valentine Weiss (dir.), La Demeure médiévale à Paris, Paris, Somogy / Archives nationales, 2012, 293 p., 35 € et Valentine Weiss (dir.), La Demeure médiévale à Paris. Répertoire sélectif des principaux hôtels, Paris, Archives nationales, 2012, 183 p., 25 €€.

"La folle histoire du Latitude 43", par Gwenaël Querrien
Armelle Lavalou et Thierry Champalle, La Folle Histoire du Latitude 43, 2012, Paris, Le Linteau, 184 p., 23 €€. Publié avec le concours de la Librairie de l’architecture et de la ville (ministère de la Culture) et la coopération de la Cité de l’architecture et du patrimoine - Centre d’archives - pour les illustrations.

"L’architecture au futur depuis 1889", par Thierry Mandoul
Jean-Louis Cohen, L’Architecture au futur depuis 1889, Paris, Phaidon, 2012, 528 p., 59,95 €€.

"La maison romaine et son origine étrusque", par Pierre Pinon
• Jean-Pierre Adam, La Maison romaine, Arles, Honoré Clair, 2012, 224 p., 49 €€. –
• Vincent Jolivet, Tristes portiques : sur le plan canonique de la maison étrusque et romaine, Rome, École française de Rome, coll. Bibliothèque des Écoles françaises d’Athènes et de Rome (fasc. 342), 2011, 343 p., 100 €.

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