Patrimoine, du réel au virtuel - Le soleil a contribué au succès des 27es Journées européennes du patrimoine (18 et 19/9/2010), autour du thème "Quand femmes et hommes construisent l'Histoire".

Plus de 12 millions de participants ont profité des 15 000 monuments ouverts au public, dont plus de 3 000 à titre exceptionnel. Rappelons qu'il y a en France environ 43 455 monuments protégés au titre des Monuments historiques¹, dont 29 062 inscrits et 14.493 classés, auxquels s'ajoutent 2 272 parcs et jardins protégés, dont 845 classés. Comme chaque année, les lieux du pouvoir excitent beaucoup la curiosité. Même si les chiffres ont un sens tout relatif puisqu'il faut limiter et contrôler les entrées, on a relevé 21 000 entrées pour l'Élysée, 4 500 pour Matignon, 8 500 pour l'Assemblée nationale, 28 318 pour le Sénat, 13 500 pour l'hôtel de ville de Paris... et 18 000 pour le siège de France Télévisions. Les lieux culturels font des scores comparables. Pour n'en citer que quelques-uns, le Panthéon a attiré 20 000 personnes, le château de Vincennes 12 000, le musée Carnavalet 13 500, le Centre Pompidou-Metz 8 500, les tours du port de La Rochelle 7 690, le domaine de Chambord 7 400, la Cité de l'architecture et du patrimoine 7 000, le Petit Palais 6 000, le musée de Bretagne à Rennes 3.900, etc. Le château de Versailles tient toujours le haut du pavé avec 45 000 visiteurs. Ces journées "portes ouvertes" permettent au public d'exprimer son intérêt pour les lieux symboliques de son histoire et de la société dans laquelle il vit. Elles rappellent aussi que l'architecture ne se découvre réellement qu'in situ, alors qu'une exposition d'architecture ne montre que la partie amont du "projet" (l'architecture au stade du papier, donc une partie du processus), ainsi que des représentations des réalisations, mais pas l'objet lui-même. Les nouvelles techniques de conception et de représentation ont même rendu caduque la notion de "documents originaux" puisque les documents numériques peuvent être reproduits sans que l'un ait plus de valeur que l'autre². La floraison des banques de données s'est accompagnée de la possibilité de créer des expositions virtuelles³, instantanément multipliées à l'infini du seul fait de leur mode de diffusion sur la toile. Au même titre que ce qui est montré, le visiteur devient virtuel : une simple trace informatique comptabilisée lors de sa connexion à un site. Si le procédé a ses limites, autant sensorielles (malgré les promesses de l'image en 3D) qu'en termes de crédibilité puisque tout document est falsifiable comme en témoigne l'éternelle peau lisse des VIP, il permet à l'évidence une meilleure diffusion de l'information, ce qui ne laisse pas d'inquiéter les pays les moins démocratiques.
Gwenaël Querrien

1 - Cf. sur www.journeesdupatrimoine.culture.fr, "le patrimoine en chiffres".
2 - Cf. Architecture et archives numériques, dir. David Peyceré, Florence Wierre, actes du colloque organisé par la Cité et l'INHA, du 8 au 10/10/2007, Infolio, 2008.
3 - Pour valoriser ses ressources (400 fonds), le Centre d'archives de la Cité a entrepris de réaliser des expositions virtuelles en ligne destinées à un public large, en plus du traitement documentaire déjà accessible sur archiwebture.citechaillot.fr. La première est consacrée au logement social (octobre) et la suivante est une collection de portraits d'architectes (fin 2010). Cf. www.citechaillot.fr.

Au sommaire

"Promenade dans Rome. Le MACRO", par Gwenaël Querrien
Extension du musée d'Art contemporain de Rome (MACRO), via Nizza, Rome. Programme : deux salles d'exposition de 1 000 m² et 500 m², foyer, auditorium de 200 places, salle de vidéo, espace pédagogique, deux ateliers d'artiste, boutique, café, restaurant, réserve et parkings. Maître d'ouvrage : Ville de Rome. Maître d'œœuvre : Odile Decq & Benoît Cornette architectes urbanistes, Giuseppe Savarese responsable du projet. Calendrier : concours international mai 2001, livraison mai 2010, inauguration automne 2010.

"Lyon, reconversion de l'Hôtel-Dieu", par Gabriel Ehret
Projet de reconversion de l'Hôtel-Dieu de Lyon (Rhône). Maître d'ouvrage : Hospices civils de Lyon. Assistance à la maîtrise d'ouvrage : SERL, avec Dumetier Design architectes et Archipat.

"La Maison du temps libre à Stains", par François Lamarre
La Maison du temps libre, rue George Sand, Clos Saint-Lazare, Stains (Seine-Saint-Denis). Programme : halte-garderie, ludothèque, médiathèque, salle de spectacle, centre social, ateliers et salles de réunion. Maîtrise d'ouvrage : Ville de Stains assistée de la Sodedat 93. Maîtrise d'œœuvre : Gaëtan Le Penhuel Architectes, en co-traitance avec Iratome, bureau d'études techniques, et MDETC, économiste. Suivi de chantier : Olivier Perraguin. Artiste invitée : Caroline Sez/Artkode. Surface : 2 100 m² Shon. Calendrier : concours en 2003, chantier de décembre 2007 à avril 2009, ouverture en octobre 2009. Coût construction : 4,15 M€€.

"How BIG is Bjarke Ingels ? Yes is more, à Arc en rêve", par Thierry Mandoul
"Yes is More", exposition à Arc en rêve, Bordeaux, jusqu'au 19/12/2010. Ouvrage publié par l'agence à l'occasion de la présentation de l'exposition au Danish Architecture Center à Copenhague du 21/2 au 31/5/2009 : BIG (Bjarke Ingels Group), Yes is More. An Archicomic on Architectural Evolution, Cologne, Evergreen, 2009, 400 p., 19,99 €€. Parution de l'édition en français chez Taschen en octobre 2010.

"Luigi Moretti : une exposition au MAXXI", par Tim Benton
"Luigi Moretti architetto. Da razionalismo all'informale", exposition au MAXXI à Rome, jusqu'au 28/11. Coproduction MAXXI, Archivio del Moderno dell'Università della Svizzera Italiana à Mendrisio et Archivio Centrale dello Stato. Catalogue sous la direction de Bruno Reichlin et Letizia Tedeschi, Luigi Moretti, Razionalismo e trasgressività tra barocco e informale, Florence, Electa Mondadori, 2010, 472 p., 70 €€.

"Exposition à Montréal: Iannis Xenakis", par Carlotta Darò
"Iannis Xenakis : compositeur, architecte, visionnaire", exposition inaugurée le 14/1/2010 au Drawing Center, New York. Actuellement présentée au Centre canadien d'architecture, Montréal, jusqu'au 17/10, elle sera ensuite au Museum of Contemporary Art de Los Angeles du 7/11/2010 au 30/1/2011. Catalogue sous la direction d'Ivan Hewett, Sharon Kanach, Carey Lovelace, Makhi Xenakis, Iannis Xenakis : Composer, Architect, Visionary, New York, The Drawing Center, 2010, 150 p.

"Le paysage, un projet politique", par Anne Demerlé-Got
Mario Bédard (dir.), Le Paysage. Un projet politique, Québec, Presses de l'université du Québec, coll. Géographie contemporaine, 2009, 330 p., 26 €€. Diff. Sodis.

"Atlas des Parisiens, de la Révolution à nos jours", par Olivier Namias
Jean-Luc Pinol, Maurice Garden, Atlas des Parisiens, de la Révolution à nos jours, Paris, Parigramme, 2009, 288 p., 49 €€.

"L'architecture domestique dans l'Antiquité", par Pierre Pinon
• Jean Lauffray, Fouilles de Byblos. Tome VI. L'urbanisme et l'architecture, Beyrouth, éd. Institut français du Proche-Orient, coll. Bibliothèque archéologique et historique, tome 182, 2008, 2 vol. (518 p. + atlas de 19 plans et coupes), 90 €€.
• Olivier de Cazanove, Civita di Tricarico i. Le quartier de la maison du monolithe et l'enceinte intermédiaire, Rome, éd. École française de Rome, coll. de l'École française de Rome, n°409, 2008, 687 p., 187 €€. Diff. De Boccard.
• Irene Bragantini, Rosa De Bonis, Anca Lemaire, Renaud Robert, Poseidonia-Paestum V. Les maisons romaines de l'îlot nord, Rome, éd. École française de Rome, coll. de l'École française de Rome, n°42/5, 2008, 358 p. + 12 plans, 140 €€. Diff. De Boccard.