Éditorial et sommaire
Variations autour d'une tour - L’exposition d’une série de projets pour une tour a quelque chose d’un défilé de haute couture et exerce à l’évidence sur le public le même genre de fascination.
Ainsi pour le concours de la “tour Phare” à La Défense1 (300 m de haut et 135 000 m2 utiles), le maître d’ouvrage, Unibail, a-t-il sollicité dix architectes reconnus - cinq français et cinq étrangers parmi lesquels quatre Prix Pritzker2 dont la signature a valeur de griffe prestigieuse. Plus encore que d’un concours d’architecture urbaine, c’est de sculpture monumentale et de qualité de “peau” qu’il s’agit : verre transparent ou réactif à la lumière, doubles peaux et autres résilles rivalisent d’ingéniosité. Comment résister à la tentation de choisir l’image que l’on préfère au vu des grandes maquettes alignées comme autant de pièces d’un musée d’architecture ? Si certains visiteurs se posent des questions - ne serait-ce que celles relatives au programme, au contexte, au coût et à la faisabilité à défaut d’une réflexion plus fondamentale - qui renvoient aux panneaux explicitant chaque projet, d’autres expriment leur préférence, comme on choisit une robe de créateur ou plus simplement la Miss France annuelle, laissant aux spécialistes l’examen technique du dossier. Malgré les fortes contraintes, les réponses en termes de relation fonctionnelle au contexte, de volumétrie et d’enveloppe sont loin d’être uniformes. Parmi sept propositions de monolithe, les courbes asymétriques de Thom Mayne, le lauréat, expriment l’émergence du sol plutôt que la superposition, ainsi que la continuité des flux et des espaces. Son enveloppe est une double peau filtrante sauf au nord où elle est en verre transparent. Jacques Ferrier sertit la double peau de verre de sa tour elliptique d’une résille métallique porteuse. Herzog et de Meuron ont conçu un immeuble-lame à la peau sophistiquée (135 m x 35 m x 300 m). Rem Koolhaas casse l’image du monolithe en ouvrant quatre grands tiroirs en porte-à-faux à 200 m de haut. Nicolas Michelin propose une voile aérodynamique dotée d’une façade porteuse en métal et d’une double peau en verre clair. Dominique Perrault joue avec la lumière sur des façades prismatiques tout en verre. Manuelle Gautrand, inspirée par l’éponge Euplectella et la dentelle, dote sa tour d’un exosquelette sous forme d’une résille autoporteuse supportant deux tiers des charges, le noyau portant le dernier tiers. Renonçant au monolithe, Norman Foster a choisi une forme classique fragmentée en blocs de 24 niveaux, et Massimiliano Fuksas un noyau dédoublé formant jumelles. Quant à Jean Nouvel, il a juché sur un haut socle translucide un second corps de bâtiment pivotant sur 360°, dont la façade diffuse des images, telle une télévision géante.La nouvelle tour Unibail dominera le tableau actuel de La Défense, abondant par quelque 10 000 personnes le flux continu alternativement déversé ou absorbé par les bouches de métro aux heures de pointe...
Gwenaël Querrien
1 - Cf. Programme de la Cité, p. 13.
2 - Norman Foster en 1999, Rem Koolhaas en 2000, Herzog & de Meuron en 2001, Thom Mayne (agence Morphosis, Californie, Usa) en 2005.
Au sommaire
"Rennes : un monument pour les Archives d’Ille-et-Vilaine", par Thierry Mandoul
Archives départementales d’Ille-et-Vilaine, Rennes. Maîtrise d’ouvrage : Conseil général 35. Maîtrise d’œuvre : Jean-Marc Ibos et Myrto Vitart arch.
"Marseille dessus-dessous. L'espace Bargemon", par Pascal Mory
Extension de l'hôtel de ville et aménagement d'espaces publics. Maîtrise d’ouvrage : Ville de Marseille. Maîtrise d’œuvre : Franck Hammoutène arch.
"Richard Meier à Rome. Le musée de l'Ara Pacis", par Carlotta Darò
"Exposition à l'Arsenal. Paris en Île-de-France, histoires communes", par Jean-Claude Garcias
Pavillon de l'Arsenal, Paris, jusqu’au 25/3/2007.
"Exposition à Paris. Tolbiac : la justice dans la cité”, par Laure-Estelle Moulin
Palais de justice de Paris, salle des pas perdus, jusqu’au 28/2/2007.
"Colloque Architectures au-delà du Mur, 1989-2006. Berlin, Varsovie, Moscou", par Martin Lucas
Organisé par Ewa Bérard (CNRS) et Corinne Jaquand (ÉNSA de Clermont-Ferrand) les 17 et 18/11/2006 à l’École normale supérieure, Paris.
"Le tour de Paris. Promenades aériennes de Roger Henrard", par Jean-Jacques Treuttel
Ouvrage de Jean-Louis Cohen, éd. Dominique Carré / Paris-Musées / Musée Carnavalet-Histoire de Paris, 2006, 320 p., 39 €.
"Walkscapes. La marche comme pratique esthétique", par Enrico Chapel
Francesco Careri, Walkscapes. Camminare come pratica estetica, Turin, Einaudi, 2006, 171 p., 17 €.
"Villeneuve-lès-Avignon. Histoire artistique et monumentale d’une villégiature pontificale", par Pierre Pinon
Ouvrage de Bernard Sournia et de Jean-Louis Vayssettes, éd. Monum, Éditions du Patrimoine, 2006, 431 p., 56 €.