N°95 - mai 2010

Éditorial et sommaire

Des bâtisseurs pour un monde solidaire - Après les tremblements de terre et les inondations(1), c'est un nuage de poussières issues d'une éruption volcanique en Islande qui a rappelé, en clouant au sol les avions européens, que la nature reste imprévisible, indifférente aux exigences de l'économie mondialisée.

Le rythme des catastrophes naturelles n'a pas forcément crû sur le long temps, mais l'impact sur les esprits est beaucoup plus fort aujourd'hui où l'on espère tout contrôler, où l'information circule en temps réel et où les moyens de transport ont rétréci la planète, devenue une sorte de fourmilière humaine. Si l'on ne peut empêcher les catastrophes naturelles, l'instinct de vie veut que l'on essaye d'en réparer les dommages, matériels et psychologiques. États, ONG et habitants font face, chacun à leur manière, ces derniers voulant souvent se réinstaller sur le lieu même du sinistre, pour des raisons affectives autant qu'économiques. D'où les récents débats sur la réglementation du droit de s'implanter dans les zones à risques. Si les Japonais avaient conclu en termes d'interdits l'examen de la carte des risques sur leur pays, ils n'auraient plus rien construit. Ayant un territoire instable et limité, mais une économie dynamique et prospère - au contraire d'Haïti -, ils sont devenus les champions de la construction antisismique. Comme quoi les mêmes causes ne produisent pas toujours les mêmes effets. Les ONG l'ont compris depuis longtemps, intervenant en zones de catastrophe humanitaire, comme la guerre ou la grande pauvreté. D'abord alimentaire et médicale, l'aide internationale s'est peu à peu diversifiée, tant en nombre d'organismes - au risque d'une certaine confusion sur le terrain - qu'en champs de compétences. Ces dernières décennies, des architectes se sont mobilisés pour "bâtir un monde solidaire", telle l'association Architectes sans frontières, créée en 1979 pour aider les réfugiés tchadiens au Cameroun, très présente à Haïti ; ou Architectes de l'urgence créée en 2001 par des architectes de la Somme eux-mêmes victimes des inondations et qui, de fil en aiguille, interviennent dans le monde entier. Leur première mission est le diagnostic des bâtiments pour savoir s'ils sont réparables ou dangereux. à Haïti2, ils ont commencé par les hôpitaux, puis les écoles, les locaux d'ONG ou de services pouvant aider la population. Les logements encore debout doivent aussi être examinés car, même valides, ils restent vides tant les habitants ont peur. C'est aussi dans un esprit militant pour "une nouvelle éthique pour l'architecture et la ville" afin d'éviter le "pire des mondes3", qu'a été créé le Global Award qui en est à sa quatrième session, invitant chaque année à découvrir des initiatives remarquables4. Ville et agriculture se rejoignant dans la réflexion sur le développement durable, nous citerons aussi cette Indienne5 - une physicienne - qui lutte contre l'envahissement de l'agriculture du sous-continent par les semences sous brevet de Monsanto, causant la ruine des petits cultivateurs. Elle a développé une ferme qui produit diverses semences à partir de variétés locales, qu'elle prête aux cultivateurs qui remboursent en graines l'année suivante ; un microcrédit en nature.
Gwenaël Querrien

1 - Cf. éditoriaux d'Archiscopie n° 92 et n° 94.
2 - Le 19/5 à la Cité, Patrick Coulombel détaillera l'action menée à Haïti (cf. p. 12).
3 - Cf. Mike Davis,
Le Pire des mondes possibles, éditions La Découverte, 2006.
4 - le 11/5, présentation des cinq lauréats 2010 et exposition, cf. programme p. 12-13.
5 - émission "Vu du ciel" réalisée par Yann Arthus-Bertrand, vue le 29/3 à 20h35 sur France 3.

 

 

Au sommaire

 

"Rome, le MAXXI, un musée d'art contemporain", par Jean-François Pousse
Musée national d'Art du XXIe siècle, via Guido Reni 4 A, Rome. Maîtrise d'œœuvre : Zaha Hadid architects (Zaha Hadid et Patrik Schumacher architectes, Gianluca Racana chef de projet). Surface totale : 29 000 m2 ; espaces externes, 19 640 m2 ; internes 21 200 m2 ; surface d'exposition, 10 000 m2. Projet et chantier : 1998-2009. Livraison : novembre 2009. Ouverture au public : 30/5/2010. Coût : 150 M€€.

"Réaménagement de la darse du fond de Rouvray, Paris 19e", par Olivier Namias
Installation du service des Canaux de Paris sur la darse du fond de Rouvray, 62 quai de la Marne, Paris 19e. Programme : transformation d'un ancien hangar en bureaux et construction d'un hangar à bateaux. Maîtrise d'ouvrage : Ville de Paris/direction de la Voierie et des Déplacements - service des Canaux. Maîtrise d'ouvrage déléguée : SEMAVIP. Maîtrise d'œœuvre : AAPP - Agence d'architecture Philippe Prost. Surface : 1 800 m2 Shon. Montant des travaux : 4,4 M€€ TTC. Calendrier : études 2003 ; début des travaux juin 2007 ; livraison : 2009.

"Barcelone, le parc de Poblenou", par Ann Caroll Werquin
Parc central de Poblenou, 130 avenue Diagonal, Barcelone (Espagne). Parc de 5,5 ha, avec une quinzaine d'entrées. Maîtrise d'ouvrage : Ville de Barcelone. Maîtrise d'œœuvre : Ateliers Jean Nouvel. Dessin 2006, réalisation 2007/2008. Coût : 18,1 M€€.

"Restaurer E1027, la maison en bord de mer", par Tim Benton
À Roquebrune-Cap-Martin (Alpes-Maritimes). Maison créée pour eux-mêmes par les architectes Jean Badovici et Eileen Gray en 1926-1929. Restauration : Pierre-Antoine Gatier architecte en chef des Monuments historiques, 2009.

"Inde du Sud : le patrimoine architectural et urbain du Chettinad", par Serge Santelli

"Chicago, 1910-1930 : le chantier de la ville moderne", par Rémi Rouyer
Jean Castex, Chicago, 1910-1930. Le chantier de la ville moderne, Paris, La Villette, coll. SC, 2009, 396 p., 35 €€. NDLR : Ce livre a reçu en 2010 le prix La Ville à lire organisé depuis 1996 par la revue Urbanisme en partenariat avec France Culture.

"Le paysage, c'est l'endroit où le ciel et la terre se touchent", par Anne Demerlé-Got
Michel Corajoud, Le Paysage, c'est l'endroit où le ciel et la terre se touchent, Arles/Versailles, éd. Actes Sud/École nationale supérieure du paysage, 2010, 272 p., 25 €€.

"Des souris dans un labyrinthe", par Julien Bastoen
Élisabeth Pélegrin-Genel, Des Souris dans un labyrinthe. Décrypter les ruses et manipulations de nos espaces quotidiens, Paris, La Découverte/Les Empêcheurs de penser en rond, 2010, 246 p., 16 €€.

"L'eau dans les villes de l'Antiquité", par Pierre Pinon
• Isabelle Hairy (dir.), Du Nil à Alexandrie. Histoires d'eaux, Alexandrie (Égypte), Harpocrates, 2009. Catalogue de l'exposition éponyme présentée au Laténium, Hauterive, du 23/10/2009 au 30/5/2010.
• "L'eau dans la ville antique", dossier de la revue Syria, archéologie, art et histoire, tome 85, année 2008, Beyrouth, Institut français du Proche-Orient, 382 p., 91 €€.

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