N°94 - avril 2010

Éditorial et sommaire

Construire en zone inondable - Partout dans le monde, les zones inondables - les rives des fleuves ou des mers essentiellement - sont habitées et cultivées, parce que fertiles et propices aux échanges par voies navigables ainsi qu'à la pêche.

Cette tendance ancestrale s'est renforcée à partir des années 1960 avec le tourisme de masse, l'objectif de développement économique faisant souvent oublier les risques. La catastrophe de février dernier sur les côtes atlantiques françaises, ravagées par une submersion marine lors de la tempête Xynthia, le rappelle. Les digues qui ont cédé étaient conçues pour protéger des terres cultivables et non les quartiers d'habitation qui les ont peu à peu remplacées. Ce drame pose la question des compétences autant que celle des responsabilités. En France, selon les sources officielles, 16 000 des 36 000 communes sont concernées par le risque d'inondation (premier risque naturel en France) pour une part de leur territoire et à divers degrés de dangerosité, même en ville puisqu'"entre 1999 et 2006, près de 100 000 logements ont été construits dans les zones inondables de 424 grandes communes1". Publiés en février 2009, ces chiffres n'ont guère ému les politiques, sans doute parce que le risque zéro n'existe pas, au contraire des solutions techniques, même imparfaites. En témoignent les Pays-Bas dont la moitié du territoire est en zone inondable et un quart en dessous du niveau de la mer2. Le risque d'inondation marine ou fluviale y est pour ainsi dire congénital, parce que c'est une région de deltas de grands fleuves et du fait de la création des polders, si bien que l'ensemble des risques liés à l'eau (submersion et crues, mais aussi qualité de l'eau, état des rives...) relève d'organismes territoriaux spécialisés3. Se prémunir contre les risques naturels exige des études fines au niveau local, des solutions techniques appropriées - y compris pour la construction (sur pieux, étage inondable, etc.) -, mais aussi une stratégie globale. La façon de gérer le territoire évolue en effet dans le temps, du fait des progrès techniques mais aussi des avancées en matière d'environnement. Aujourd'hui, on protége les zones humides, alors qu'il n'y a pas si longtemps on asséchait les marais par des digues pour gagner des terres agricoles, une loi napoléonienne (16/9/1807) encore en vigueur ayant rendu le propriétaire du terrain responsable du risque et donc de l'entretien. Pour réglementer l'urbanisation ont été créés les "plans de prévention des risques d'inondation" (6 445 communes en sont dotées) et, depuis 2003, les "atlas des zones inondables" (en cours de généralisation) qui précisent les niveaux de risque par secteur. Mais la première urgence est sans doute la question de la gouvernance, inadaptée aux réalités de l'urbanisation. Dans de nombreux cas, on ne sait plus très bien à qui sont les digues. Les propriétaires sont multiples, mal informés et n'ont souvent pas les moyens de faire les travaux utiles. Certes, les communes sont aussi responsables et interviennent, étant garantes de la sécurité publique - comme l'État de celle du territoire -, mais dans des délais trop longs.
Gwenaël Querrien

1 - Cf. Commissariat au développement durable, Observation et statistiques, n° 6, février 2009, étude sur 424 villes de plus de 10 000 habitants.
2 - Cf. Th. Mandoul et S. Rousseau, Rotterdam, coll. "Portrait de ville", éd. Cité, 2009.
3 - Créés au XIIe siècle, les
waterschappen, au départ des regroupements de propriétaires terriens, sont devenus des organismes territoriaux dont l'existence est garantie par la Constitution.

 

 

Au sommaire

 

"Lausanne, le monde flottant du Rolex Learning Center", par François Lamarre
École polytechnique fédérale de Lausanne (ÉPFL), Lausanne-Écublens (Suisse). Programme : bâtiment de vie sociale du campus comprenant bibliothèque centrale et fonds ancien, espaces de travail, amphithéâtre (600 places), cafétéria, libre-service, restaurant, centre de carrière, centre de recherche en pédagogie (Craft), bureaux pour les associations d'étudiants et de diplômés, bureau de publication (PPUR), bureau de banque, librairie (La Fontaine) et parking 500 places. Maîtrise d'ouvrage : ÉPFL. Maîtrise d'œœuvre : SANAA (Kazuyo Sejima, Ryue Nishizawa et associés), avec Architram (Renens, Suisse). Emprise du bâtiment : 22 200 m2 (166 m x 121 m). Surface de planchers : 37 000 m2 (sous-sol + étage). Calendrier : concours 2004, construction 2007-2009, ouverture le 22/2/2010. Coût : 65 M€€.

"École d'architecture de Nantes, un nouveau Lieu Unique ?", par Thierry Mandoul
Quai François Mitterrand, Nantes (Loire-Atlantique). Programme : école d'architecture pour 1 000 étudiants. Maîtrise d'ouvrage : ministère de la Culture, DRAC Pays de Loire. Maîtrise d'œœuvre : Anne Lacaton & Jean-Philippe Vassal arch., avec Florian De Pous, chef de projet, et Frédéric Hérard ass. Concours 2003, livraison automne 2008. Surface réalisée : 26 837 m2 surface hors œœuvre brute (hors rampe) comprenant 19 580 m2 de surface hors œuvre nette et 6 963 m2 de terrasses extérieures accessibles et parkings. Coût : 17,75 M€€ (valeur 2008).

"Paris, une nouvelle 'tour Lopez'", par Olivier Namias
42 rue du Docteur Finlay, Paris 15e [anciennement la CAF]. Programme : bureaux, logements (141 dont 39 logements sociaux), parkings, restaurant inter entreprises. Maîtrise d'ouvrage : OGIC - BNP Paribas Real Estate. Maîtrise d'œœuvre : Arte Charpentier architectes (bureaux), Dominique Hertenberger (logements) ; architecte directeur associé : Abbès Tahir. Chef de projet : Jérôme Van Overbeke. Architecture intérieure : Édith Richard & Lise Noël. Paysagiste : Peña & Peña. Surfaces : bureaux 13 302 m2 Shon ; logements 11 597 m2 Shon ; CPAM 691 m2 Shon ; terrain 10 466 m2 ; espace vert 3 830 m2. Cale. ndrier : début du chantier 2004 ; livraison mars 2010. Coût : environ 40 M€€.

"École nationale de commerce Bessières à Paris", par Alain Borie
70 boulevard Bessières, Paris 17e. Programme : restructuration lourde et extension en site occupé d'un établissement d'enseignement supérieur de commerce pour 2 000 étudiants. Maîtrise d'ouvrage : Région Île-de-France. Maîtrise d'œœuvre : Benoît Carrié - Thierry Roze + Philippe Barré - Agnès Lambot architectes ; Sibat Bet ; Claude Boudvin paysagiste ; David Ryan façade verre sérigraphié. Surface Shon : 14 500 m2 (conservée 8 000 m2 - créée 6 500 m2). Concours 2003, études 2004-2005, chantier 2006-2009, livraison juillet 2009. Coût des travaux : 22 500 000 € €HT (valeur janvier 2006).

"Exposition à Paris : l'impossible photographie. Prisons parisiennes, 1851-2010", par Pierre Pinon
Exposition présentée au musée Carnavalet, Paris, jusqu'au 4/7/2010. Catalogue éponyme, Paris, éd. Musée Carnavalet-Histoire de Paris/Paris-Musées, 2010, 312 p., 39 €€.

"Photographier le territoire", par Olivier Namias
Photographier le territoire, actes de la journée d'étude du 2/12/2008, coordination Arlette Auduc, assistée d'Isabelle Duhau et Philippe Ayrault, Paris, éd. Somogy/Région Île-de-France, 2009, 144 p., 19 €€.

"The secret lives of buildings", par Guy Lambert
Edward Hollis, The Secret Lives of Buildings. From the Parthenon to the Vegas Strip in Thirteen Stories, Londres, éd. Portobello Books, 2009, 388 p., 25 £.

"Les temples de Lhassa", par Serge Santelli
André Alexander, The Temples of Lhasa. Tibetan Buddhist Architecture from the 7th to the 21st Centuries. Volume One of Tibet Heritage Fund's Conservation Inventory, Singapour, éd. Times Editions-Marshall Cavendish, 2005, 335 p., 59 Us$,

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