N°57 - mars 2006

Villes et architecture à l'heure de la mondialisation - Le boom économique d’un pays lui vaut toujours des contingents de visiteurs en quête d’affaires.

La Chine est ainsi devenue  une destination privilégiée pour de nombreux professionnels, outre les sinologues ou sinophiles. Restée longtemps isolée, elle prend une part toujours plus grande dans l’économie mondiale, notamment en remportant des appels d’offres internationaux pour de grands chantiers de construction, à des prix sans doute imbattables mais assortis de conditions de vie pour les ouvriers très discutables.Évidemment, elle n’est pas la seule à pratiquer cela, loin s’en faut. En 2005, Envoyé spécial (France 2) a montré un reportage sur la vie des chantiers de Dubaï, où le luxe des uns se construit sur l’esclavage moderne des autres. On y voyait comment les ouvriers étrangers, attirés par un contrat apparemment solide signé dans leurs pays respectifs, étaient ensuite obligés d’en signer un autre moitié moins intéressant une fois sur place. Parqués par nationalité dans des baraques qui n’ont rien à envier aux camps de prisonniers en temps de guerre, ils sont sous l’autorité d’une sorte de kapo - chinois pour le camp chinois, indien pour le camp indien, etc. - qui vante aux constructeurs l’excellence du rapport qualité/prix de son équipe nationale. Si Dubaï représente ce côté obscur de la mondialisation qui impose une concurrence internationale sans respect des droits de l’homme, il est vrai aussi que l’émergence de la Chine et aujourd’hui de l’Inde1, en plein développement dans tous les domaines, y compris les emplois très qualifiés comme les ingénieurs, les informaticiens ou les médecins, est par ailleurs très positive, et on aimerait que l’Afrique suive. On peut donc imaginer que l’Inde devienne, après la Chine, une destination privilégiée des voyages d’affaires, et plus seulement celle des amateurs d’art, d’architecture ou de philosophie. Même si son taux de croissance lui vaut l’attention des journaux, on ne sait pas grand-chose de la civilisation urbaine multimillénaire de ce pays très contrasté, souvent perçu à travers des clichés. Mieux connaître l’Inde devient urgent, et nous nous y attachons grâce aux témoignages directs de rédacteurs-voyageurs, souvent des enseignants qui emmènent leurs élèves-architectes étudier les formes urbaines d’autres cultures. Il y a quelque temps nous évoquions Jaïpur2 et Bhopal3 ; aujourd’hui ce sont Bombay et New Delhi4 ; et un portrait de ville sur Chandigarh, ville nouvelle indienne originale parmi quelque 120 autres construites dans les années 1950 (elles le seront en France dans les années 1970), paraîtra en fin d’année.
Gwenaël Querrien

1– - L’Union indienne, république fédérale de 28 États, compte un milliard d’habitants.
2 - Alain Borie, “Un atelier à Jaïpur, retour de voyage”,
Archiscopie n° 33, été 2003.
3 - Serge Santelli, “Bhopal, workshop”,
Archiscopie n° 40, avril 2004.
4 - Cf. § Actualité, Serge Santelli, “Villes indiennes”.

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