N°48 - mars 2005

Le protocole de Kyoto

Depuis le début des années 1990, les changements climatiques sont devenus une préoccupation mondiale, du moins en principe car ce sujet illustre la difficulté qu’ont nos sociétés de consommation à investir pour l’avenir, même proche, chacun espérant que le risque encouru tombera - le plus tard possible bien sûr - chez le voisin.

Cinq ans après le décevant Sommet de la Terre de Rio (1992), le Protocole de Kyoto a fixé les objectifs et les règles de mise en œuvre de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques. Signé par 141 pays - mais ni par les USA, premier pollueur de la planète, ni par l’Australie -, il est entré en vigueur ce 16 février, célébré1 par des conférences de presse officielles, des séminaires-débats universitaires (aux USA, en Inde et ailleurs), un symposium à Kyoto, une dizaine de manifestations au Canada, une célébration religieuse à Hong Kong... On peut s’interroger sur son efficacité, différents pays et lobbies ayant réussi à y introduire trois dispositifs2 permettant de “bénéficier de crédits d’émission” de gaz à effet de serre, en négociant les “droits à émettre” entre pays industrialisés ou en investissant dans un pays en développement pour y favoriser le “mécanisme de développement propre”. Si la France s’implique assez discrètement, du moins a-t-elle produit un carnet de route pragmatique3, le Plan Climat 2004, sans chercher à minimiser les enjeux. On peut seulement regretter que tous les écoliers n’aient pas eu droit, ce 16 février, à un exemplaire de la plaquette “Face au changement climatique, agissons ensemble” produite par le ministère de l’Écologie, assortie de l’explication de texte nécessaire et, pourquoi pas, de travaux pratiques à plus long terme. Le chapitre “Bâtiment et écohabitat” du Plan Climat rappelle que “la vie quotidienne dans les bâtiments est à l’origine de 25% des émissions de gaz à effet de serre” et évoque les dispositifs à mettre en œuvre dans les bâtiments neufs ou réhabilités4. Ainsi la réglementation thermique 2005, outre des obligations de résultats en termes de consommation d’énergie, préconise d’“éviter la climatisation”, prône “la conception bioclimatique, notamment par une meilleure prise en compte de l’orientation et de l’exposition solaire” et encourage à “mieux prendre en compte l’inertie thermique des bâtiments”. On ne peut que se réjouir de ces prises de position en regrettant que des générations d’architectes aient pu faire leurs études sans obligation de se poser ce genre de questions : c’est toute une culture qui manque à notre pays5, les pionniers6 du bioclimatisme des années 1970 ayant tardé à être suivis.
Gwenaël Querrien

1 - Cf. liste d’environ 80 manifestations sur le site des Nations unies.
2 - Cf. “La mise en œœuvre du Protocole de Kyoto” sur , et “Planète en danger. Au royaume des aveugles, l’effet de serre est roi”, par Frédéric Durand, Le Monde diplomatique, décembre 2002.
3 - Cf..
.
4 - Cf. sur ces questions “Métamorphoses durables”, programme Ifa-Cité (p. 12).
5 - Cf. la boîte en verre climatisée de la récente “Maison des adolescents” à Paris.
6 - Sur l’architecture bioclimatique, cf. les suppléments du
Bulletin de février et mai 1976 et de mars 1977, par F. Nicolas et M. Vaye (“La Face cachée du soleil”).

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