N°124 - octobre 2013

Editorial et sommaire

Oser l’ornement ? - Dès le début du XXe siècle, un précurseur des modernes veut bannir l’ornement de l’architecture du quotidien (du logement en particulier), le considérant comme un crime de lèse-fonctionnalisme et du gaspillage : Adolf Loos, auteur d’Ornement et crime (1908), va jusqu’à comparer l’ornement aux tatouages, selon lui l’apanage des vauriens, ceux qui iront ou sont déjà en prison...

Pour s’opposer aux excès de l’éclectisme de la fin du XIXe siècle et de l’Art nouveau, fallait-il passer d’un extrême à l’autre ? On en est venu à supprimer toute modénature des façades, condamnées à la platitude, sans réaliser que les corniches et encadrements avaient souvent, outre une visée esthétique, un rôle de larmier limitant les marques de coulure de pluie.
Disparues aussi les fontes ornées1, pourtant fabriquées en série, qui faisaient le charme du mobilier urbain mais aussi des balcons, appuis de fenêtre, rampes d’escalier des immeubles et maisons de ville, remplacées par des barreaux à connotation carcérale ou par d’autres dispositifs souvent sans qualité. En quelques décennies ont été oubliés les métiers et les modes de fabrication de tous ces détails ornementaux que l’on ne découvrait qu’en s’approchant et qui faisaient que l’architecture ne se lisait pas d’un seul coup. Le quotidien était condamné à l’ennui, auquel n’échappaient que les œœuvres de rares créateurs de génie. Quand, dans les années 1980, la postmodernité, issue de la critique des grands ensembles et de leur monotonie désespérante, a émergé, les architectes ont tenté, chacun pour soi, de concevoir une architecture-sculpture plus ou moins expressive, produisant autant d’objets solitaires. La cohésion urbaine issue de modèles typologiques partagés était perdue, comme aussi le plaisir de contempler ces détails raffinés qui, au fil des siècles et aux quatre coins de la planète - de la Grèce antique aux Mayas et aux Arabes en passant par la Renaissance et le classicisme -, ont marqué toutes les architectures et font rêver les amateurs de patrimoine. Est-ce l’envie de combattre la morosité ambiante liée à ‘la crise’ qui provoque un regain d’intérêt pour la question de l’ornement en architecture et pour le dernier courant à y avoir eu recours, l’Art déco ?
Toujours est-il qu’à Paris comme à Bruxelles, il est à l’affiche de cette rentrée, avec deux expositions : “1925, quand l’Art déco séduit le monde” à la Cité2 et “Paris-Bruxelles, l’architecture Art déco” aux Archives d’architecture moderne3. Si les lignes géométriques et un certain classicisme épuré sont l’apanage des édifices Art déco, leur diversité d’écriture - du rationalisme académique du palais de Chaillot à l’exotisme égyptisant du cinéma le Louxor, en passant par le régionalisme de la maison van Buuren à Bruxelles et la modernité de la villa Cavrois, ou encore par les cités-jardins et les logements sociaux HBM de la ceinture de Paris - donne à penser qu’il s’agit d’un mouvement de renouveau plus encore que d’un style.
Gwenaël Querrien

1 - Cf. François Chaslin, “Fontes ornées”, suppl. au Bulletin du CERA, n° 45, nov. 1976.
2 - Cf. Programme Cité (p. 12-13) sur l’Art déco : séminaire (Cité et INHA), exposition et cinéma ; voir aussi les ‘Cours publics’ sur l’ornement.
3 - Cf. Calendrier, § Expositions à l’étranger, à Bruxelles.

 

 

Au sommaire

 

"Villeneuve-Saint-Georges, extension-restructuration du centre hospitalier", par François Lamarre
Centre hospitalier intercommunal de Villeneuve-Saint-Georges (CHIV) (Val-de-Marne). Maîtrise d’ouvrage : CHIV. AMO : Icade. Maîtrise d’œœuvre : Atelier d’architecture Michel Rémon, architecte mandataire. Surface : 16 700 m2 SHON en neuf et 17 800 m2 Shon en restructuration + parking enterré 187 places. Coût des travaux : 129,5 M€€ HT dont 7,8 M€€ de travaux préliminaires, 77,3 M€€ pour la construction du pôle femme-enfant avec bloc opératoire, 5,8 M€ pour la réfection des façades du bâtiment existant. À venir : 38,4 M€€ pour la rénovation interne et la façade arrière du bâtiment existant. Calendrier : concours 2009, chantier premières phases dont pôle femme-enfant janvier 2010 - mars 2013.

"Logements sociaux à énergie positive à Paris 11e", par Ève Jouannais
17 logements sociaux, 7 rue Guénot, Paris 11e. Programme : 4 PLAI (prêt locatif aidé d’intégration), 9 PLUS (prêt locatif à usage social) et 4 PLS (prêt locatif social) du studio au 4 pièces. Maîtrise d’ouvrage : RIVP. Maîtrise d’œœuvre : Baudouin-Bergeron Architectes ; architectes assistants : Nicolas André (concours), Baptiste Robin (études), Miguel Clément (chantier). Surface : 1 453 m2 Shon. Coût construction : 3,1 M€€ HT. Calendrier : concours gagné en juillet 2009 ; permis de construire janvier 2010 ; début des travaux août 2011 ; livraison, février 2013.

"L’atelier-musée du Chapeau à Chazelles-sur-Lyon", par Gabriel Ehret
Atelier-musée du Chapeau, Chazelles-sur-Lyon (Loire). Programme : musée, atelier de démonstration et fabrication, centre de formation, pavillon de créateurs en résidence, restaurant, espace événementiel pour la location. Maîtrise d’ouvrage : communauté de communes de Forez en Lyonnais. Maîtrise d’œœuvre : Pierre Vurpas & Associés arch. Muséographie : Marion Lyonnais. Surface : 4 420 m2. Coût bâtiments et muséographie : 9 M€€ HT.

"Canopées urbaines. Halles et marchés couverts des XIXe et XXe siècles", par Julien Bastoen
“Canopées urbaines : halles et marchés couverts des XIXe et XXe siècles : nouvelles approches et enjeux actuels”, journée d’études à l’INHA, le 31/5/2013, organisée par Éléonore Marantz, Jean-François Cabestan et Christine Mengin.

"La rivière et le fleuve. Exposition à Lyon", par Gabriel Ehret
Exposition “Lyon, la rivière et le fleuve” au musée d’Histoire de Lyon, jusqu’au 5/1/2014, Commissariat : Maria-Anne Privat-Savigny. Catalogue (parution fin octobre) : Jacques Rossiaud, Lyon, la rivière et le fleuve, Éditions lyonnaises d’art et d’histoire / Musées Gadagne, 160 p., 32 €€.

Réaction à l’article du n°123 sur la réhabilitation de la cité de refuge
Réponse qu’ont souhaité apporter à l’article de Marie-Jeanne Dumont plusieurs acteurs de l’opération de réhabilitation de la Cité de refuge de l’Armée du salut (Le Corbusier arch., rue Cantagrel, Paris 13e) : RSF filiale d’I3F (Bruno Rousseau, directeur général) et I3F (Pierre Paulot, directeur de l’architecture, de l’aménagement et l’environnement) pour la maîtrise d’ouvrage avec la maîtrise d’œuvre (Opéra arch. mandataire & F. Chatillon ACMH) et l’Armée du salut (Laurent Desmarescaux, directeur de l’établissement).

"French Encounters with the American Counterculture", par Guy Lambert
Caroline Maniaque-Benton, French Encounters with the American Counterculture 1960-1980, Farnham, Ashgate, (coll. Studies in Architecture), 2012, 186 p., 55 £.

"Aerocity. Quand l’avion fait la ville", par Éric Furlan
Nathalie Roseau, Aerocity. Quand l’avion fait la ville, Marseille, Parenthèses, 2012, 304 p., 32 €€.

"Eaux pour la ville, eaux des villes. Eugène Belgrand XIXe-XXIe siècle", par Jean-Pierre Le Dantec
Eaux pour la ville, eaux des villes. Eugène Belgrand XIXe-XXIe siècle, ouvrage coordonné par Jean-Claude Deutsch et Isabelle Gautheron, Paris, Presses des Ponts, 2013, 435 p., 38 €€.

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